Le président américain Barack Obama a accusé ses adversaires républicains d'«amnésie collective», et défendu avec énergie son message économique en entamant mercredi une tournée de trois jours dans des Etats importants pour sa réélection en novembre.

«Notre économie est de plus en plus solide, et nous avons trop progressé pour faire demi-tour aujourd'hui», a affirmé M. Obama, reprenant les propos de son discours sur l'état de l'Union la veille, face à plusieurs centaines de personnes dans une usine d'équipements lourds pour le secteur agro-alimentaire à Cedar Rapids, dans l'est de l'Iowa.

Mais, en égratignant ses adversaires républicains, il a affirmé qu'«après tout ce qui s'est produit, il y a des gens à Washington qui souffrent d'amnésie collective. Ils veulent revenir aux mêmes politiques que celles qui nous ont plongé» dans la crise de 2008.

«Leur philosophie est simple: nous nous en sortons mieux quand chacun doit se débrouiller tout seul, et respecter ses propres règles. Eh bien, je suis ici pour dire qu'ils ont tort», a lancé M. Obama, salué par des applaudissements.

M. Obama a réitéré son appel à suivre la «règle Buffett», soutenue par le multimilliardaire Warren Buffett: «si vous gagnez plus d'un million de dollars par an, votre taux d'imposition devrait être d'au moins 30%», a-t-il dit.

«Je sais que pas mal de gens courent dans tous les sens en appellant ça de la lutte des classes. Mais je pense que c'est du bon sens de demander à un milliardaire de payer au moins autant (en pourcentage) que sa secrétaire», a remarqué le président, qui a aussi défendu la nécessaire réindustrialisation de son pays qui subit toujours un taux de chômage de 8,5%.

Les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants et dotés d'une minorité de blocage au Sénat, ont déjà neutralisé de nombreux projets législatifs du président pendant l'année écoulée.

Mais en souhaitant mardi une réforme de la fiscalité, M. Obama a au minimum pris date pour la présidentielle du 6 novembre, au moment où les républicains se cherchent encore un candidat pour lui disputer la Maison-Blanche.

L'un de ces prétendants, Mitt Romney, a été mis en difficulté sur son dossier fiscal. Cet ancien investisseur millionnaire a révélé n'acquitter un taux d'imposition que d'environ 15%, et son principal concurrent Newt Gingrich, plus conservateur, semble de mieux en mieux placé pour remporter la primaire de Floride la semaine prochaine.

L'Iowa est cher à M. Obama, car c'est là qu'il avait remporté sa première bataille électorale face à Hillary Clinton il y a quatre ans. Cet État rural où les blancs sont fortement majoritaires l'avait également préféré au républicain John McCain à la présidentielle de 2008.

Le président ne doit passer qu'un peu plus de deux heures à Cedar Rapids et partir vers l'Arizona où il devrait mettre en valeur les techniques de pointe dans une installation du fabricant de matériel informatique Intel.

Même si l'Arizona avait voté en majorité en 2008 pour M. McCain, sénateur de cet État, le comité de campagne de M. Obama estime que le président sortant a ses chances dans une région à très forte minorité hispanique où une loi très controversée sur l'immigration illégale a été défendue par les républicains.

«Le président est persuadé qu'à l'extérieur du périphérique de Washington, le pays n'est pas aussi divisé que dans la capitale», a commenté son porte-parole Jay Carney dans l'avion Air Force One en vol vers Cedar Rapids.

Le président, qui doit dormir mercredi soir à Las Vegas au Nevada, parcourra jeudi cet État durement touché par la crise, avant de se rendre à Denver au Colorado et de conclure vendredi sa tournée au Michigan, berceau du secteur automobile américain que M. Obama se targue d'avoir contribué à sauver.