À moins de 10 mois de l'élection présidentielle, Barack Obama a fait de la justice économique son cheval de bataille, avertissant ses adversaires républicains de ne pas entraver la voie sur cette «question décisive de notre époque».

Dans un discours sur l'état de l'Union combatif et inspiré en partie par le mouvement Occupy Wall Street, le président démocrate s'est posé en champion de la classe moyenne, plaidant pour une économie «construite pour durer, où ceux qui travaillent dur en récoltent les dividendes, où la responsabilité est récompensée».

Tout en présentant sur un ton optimiste un programme axé sur la relance du secteur manufacturier, le développement des énergies renouvelables et la formation professionnelle, le chef de la Maison-Blanche a proposé de soumettre les Américains gagnant plus de 1 million de dollars par an à un taux d'imposition d'au moins 30% et de leur retirer la plupart des déductions dont ils profitent aujourd'hui.

«Demander à un milliardaire de payer au moins autant que sa secrétaire en impôts? La plupart des Américains appelleraient ça le bon sens», a déclaré Barack Obama en expliquant la «règle Buffett», du nom de l'investisseur milliardaire Warren Buffett, qui a dénoncé l'an dernier comme une absurdité le fait d'être soumis à un taux d'imposition inférieur à celui de sa secrétaire.

Le président a également renouvelé son appel pour la prorogation des allègements des contributions sociales accordés récemment à quelque 160 millions contribuables de la classe moyenne.

Des millions de spectateurs

«Nous pouvons soit nous contenter d'un pays où un nombre de plus en plus restreint de gens s'en sort bien, pendant qu'une part croissante des Américains s'en sort tout juste. Ou nous pouvons rétablir une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait sa juste part, et tout le monde joue selon les mêmes règles», a déclaré Barack Obama devant les élus du Congrès et des dizaines de millions de téléspectateurs.

Ces propositions pour une plus grande équité fiscale sont intervenues à la fin d'une journée où le plus riche des prétendants républicains à la présidence, Mitt Romney, a dévoilé qu'il avait joui en 2010 d'un taux d'imposition inférieur à 15% sur un revenu supérieur à 20 millions de dollars.

Plusieurs des propositions énoncées par Barack Obama ne verront jamais le jour en raison de l'opposition farouche des républicains du Congrès, qui ont d'autres projets et priorités.

«Je vais travailler avec quiconque dans cette chambre», a-t-il dit. «Mais j'ai l'intention de combattre l'obstruction par l'action et je vais m'opposer à toute tentative de revenir aux politiques qui ont provoqué cette crise économique», a-t-il déclaré.

Même s'il a mis l'accent sur l'économie, le président n'a pas occulté les questions de politique étrangère. Il a d'ailleurs commencé son discours en soulignant le retrait des troupes américaines d'Irak et la mort d'Oussama ben Laden.

«Pour la première fois en neuf ans, il n'y a aucun Américain qui combatte en Irak. Pour la première fois en une décennie, Oussama ben Laden n'est plus une menace pour ce pays», a-t-il dit.

Il a plus tard affirmé qu'il n'écartait aucun scénario pour empêcher l'Iran de se procurer l'arme atomique.

Plusieurs républicains, dont Mitt Romney, ont reproché au discours sur l'état de l'Union son ton électoraliste.

«C'est une honte pour un président d'utiliser le discours sur l'état de l'Union pour diviser notre pays», a déclaré l'ancien gouverneur du Massachusetts à Tampa, en Floride, où se déroulera le 31 janvier la prochaine primaire républicaine.

«Il est crucial que nous fassions en sorte que ce soit aujourd'hui le dernier discours sur l'état de l'Union de Barack Obama», a-t-il ajouté.