Le budget du Pentagone devant être amputé d'au moins 487 milliards en 10 ans, les États-Unis abandonnent la doctrine selon laquelle l'armée américaine doit pouvoir faire et gagner deux guerres en même temps.

Ce changement fait partie de la nouvelle stratégie militaire dévoilée hier par Barack Obama, qui entend privilégier l'arme aérienne et navale pour compenser la baisse des effectifs terrestres, neutraliser l'Iran et renforcer la présence américaine en Asie-Pacifique, une région que le président juge capitale.

«Nous tournons la page sur une décennie de guerre», a-t-il déclaré en conférence de presse au Pentagone, laissant entendre que l'armée américaine n'engagerait plus de forces terrestres pour mener des campagnes de longue durée comme celles de l'Irak et de l'Afghanistan.

Les États-Unis demeureront cependant «vigilants» au Proche-Orient, a promis le président. Il a aussi fait la promotion «de très importants partenariats et alliances, notamment avec l'OTAN, qui a démontré de nombreuses fois, dont récemment en Libye, qu'elle était un démultiplicateur de puissance».

Au final, les États-Unis auront toujours l'armée la plus puissante de la planète, a également promis Barack Obama.

«Oui, notre armée sera amaigrie, mais le monde doit savoir que les États-Unis vont maintenir leur supériorité militaire avec des forces armées mobiles, souples, prêtes à toute éventualité et à affronter toutes les menaces», a-t-il dit à la presse.

À moins d'un an de l'élection présidentielle, le président démocrate a répondu par anticipation aux critiques que sa nouvelle stratégie militaire suscitera non seulement dans le camp républicain, mais également dans le sien. Il a précisé que le budget du Pentagone continuera d'augmenter dans les 10 prochaines années, mais à un rythme moins soutenu que depuis les attentats du 11 septembre 2001.

«Je crois fermement et je pense que les Américains comprennent que nous pouvons conserver une armée forte et assurer la sécurité de notre nation avec un budget supérieur à ceux combinés des 10 États» qui dépensent le plus en la matière dans le monde, a-t-il dit.

«Certains vont sans doute juger que les réductions budgétaires sont trop importantes. D'autres, qu'elles sont insuffisantes. Après une décennie de guerre, et alors que nous reconstituons les sources de notre force ici et à l'étranger, il est temps de rétablir l'équilibre.»

Des coupes supplémentaires de 500 milliards de dollars en 10 ans pourraient s'ajouter à celles que vient d'annoncer l'administration Obama si le Congrès donne suite à un plan d'austérité qui doit entrer en vigueur en 2013.

Le Pentagone pourra compter sur un budget de 530 milliards de dollars en 2012, mis à part le coût de la guerre en Afghanistan. Cette somme représente 40% des dépenses militaires mondiales.

Le virage stratégique américain

Même si l'administration Obama n'a pas encore précisé l'impact de ses coupes budgétaires au Pentagone, sa nouvelle stratégie militaire entraînera au moins trois changements importants:

> Baisse de l'effectif

L'armée de terre doit passer de 565 000 à 520 000 hommes après 2014 et pourrait tomber sous les 500 000. Le corps des marines pourrait perdre de 15 000 à 20 000 hommes, lui qui en compte aujourd'hui 202 000.

> Priorité à l'Asie

La nouvelle stratégie militaire en Asie-Pacifique vise à maintenir la liberté de commerce sur les voies maritimes et surtout à faire contrepoids à la Chine. Cette stratégie doit notamment se traduire par la mise au point de capacités de guerre électronique (brouillage), de drones de reconnaissance et d'avions furtifs comme le futur F-35.

> Un arsenal nucléaire réduit

«Il est possible d'assurer notre dissuasion avec une puissance nucléaire plus petite», affirme la nouvelle stratégie américaine, sans donner plus de détails.