Il y a une semaine, Emma Sullivan, adolescente du Kansas, n'avait que 65 abonnés sur son compte Twitter. Au moment d'écrire ces lignes, elle en a plus de 11 500. Que s'est-il passé pour que son microblogue devienne aussi populaire? La réponse commence par un gazouillis impertinent.

«Je viens de faire des commentaires au gouverneur Brownback et je lui ai dit qu'il était pourri, en personne», a écrit Sullivan sur son compte Twitter le 21 novembre, lorsqu'elle assistait avec d'autres élèves de son école secondaire à un discours du gouverneur républicain de son État, Sam Brownback, connu pour ses positions très conservatrices.

Le directeur informé

Ce message ne correspondait pas à la réalité. Emma Sullivan n'a pas insulté le politicien en personne. Mais son gazouillis a été lu par un membre du personnel du gouverneur, qui l'a retransmis au directeur de l'école de l'adolescente de 18 ans.

Petite précision: quand le directeur de l'école, Karl Krawitz, a pris connaissance du message d'Emma Sullivan, celle-ci n'avait pas encore franchi le cap des 100 abonnés sur Twitter. Qu'à cela ne tienne, Krawitz a donné à l'adolescente jusqu'à hier pour écrire une lettre d'excuses au gouverneur.

Entre-temps, la soeur de la twitteuse impertinente a confié les détails de cette histoire à un journal local, attirant aussitôt l'attention des médias nationaux. Leur intérêt a décuplé dimanche après qu'Emma Sullivan eut annoncé, sur son fil Twitter, qu'elle n'écrirait pas de lettre d'excuses au gouverneur du Kansas.

Message reçu

Interrogée par l'Associated Press, l'adolescente a cependant dit souhaiter rencontrer Brownback «pour avoir un dialogue avec lui». Elle s'oppose à ses mesures, dont celle qui a fait du Kansas le seul État américain à ne pas subventionner les arts.

Son refus de s'excuser n'a pas seulement eu pour conséquence de faire augmenter le nombre de ses abonnés sur Twitter. Il a également exposé au ridicule national le gouverneur du Kansas et le directeur de son école.

Sam Brownback a fini par comprendre le message. En milieu d'après-midi hier, il a lui-même présenté ses excuses, précisant que son personnel avait réagi de façon exagérée au message d'Emma Sullivan.

«La liberté d'expression est l'une de nos libertés les plus chères», a-t-il déclaré dans un communiqué.