Le comité des grâces de Géorgie qui doit décider de commuer ou non en prison à vie la condamnation à mort de Troy Davis, symbole de la lutte contre la peine de mort, a commencé lundi soir à délibérer, à 48 heures de son exécution prévue.

L'exécution de Troy Davis, symbole international de la lutte contre la peine de mort condamné en 1991 pour le meurtre d'un policier, est programmée par injection mortelle mercredi à 19h00 à la prison de Jackson, malgré des doutes sur sa culpabilité.

La réunion du comité des grâces à Atlanta, la capitale de l'État, est considérée comme la dernière chance pour le condamné, le gouverneur de Géorgie ne disposant pas du droit de grâce.

Le comité des grâces, qui s'est réuni longuement lundi, compte cinq membres. Il doit se prononcer à la majorité simple. Le comité avait déjà refusé la clémence au condamné en 2008, mais les partisans de Troy Davis fondent leur espoir sur le fait que le comité actuel compte trois nouveaux membres.

Plusieurs dizaines de défenseurs de Troy Davis ont manifesté dans la journée devant le siège du comité, portant des pancartes où l'on pouvait lire: «Nous sommes tous Troy Davis» ou «Justice, libérez Troy Davis», «Trop de doutes, sauvez Troy Davis».

Mais la famille de Mark MacPhail, le policier tué en 1989, a réaffirmé que Troy Davis, 42 ans, est l'auteur du meurtre commis dans la ville de Savannah.

«Nous sommes les vraies victimes», a déclaré Mme MacPhail, la veuve du policier, à l'extérieur du bâtiment où se tenait la réunion, tout en promettant d'assister mercredi à l'exécution de Troy Davis en compagnie de ses deux enfants.

La fille du policier, Madison, 24 ans, était en larmes. «Mon avenir m'a été volé. Des choses comme mon mariage. Dans trois ans, je serai plus vieille que mon père quand il a été tué. Il aura pour toujours 27 ans», a-t-elle déclaré.

L'État de Géorgie a procédé à 51 exécutions depuis le rétablissement de la peine de mort aux Etats-Unis en 1976 et seules sept grâces ont été accordées depuis lors.

Agé de 42 ans, dont 20 passés dans le couloir de la mort en Géorgie, Troy Davis est présenté par ses partisans comme le prototype du Noir condamné à tort. Il est soutenu par des personnalités comme l'ancien président Jimmy Carter, le pape Benoît XVI ou l'actrice Susan Sarandon.

Neuf témoins ont désigné à l'époque Troy Davis comme l'auteur du coup de feu mais l'arme du crime n'a jamais été retrouvée et aucune empreinte digitale ou ADN n'a été relevée. Depuis, sept témoins sont revenus sur leurs déclarations incriminant Troy Davis, dont certains ont désigné un autre tireur.

La Cour suprême avait offert à Troy Davis la possibilité exceptionnelle, en août 2009, de bénéficier d'une nouvelle audience. Plusieurs témoins avaient raconté, sans convaincre le juge fédéral, comment la police les avait persuadés à l'époque de désigner le jeune Noir.

Lundi, l'Union européenne a réclamé la clémence dans un communiqué signé Catherine Ashton, le chef de la diplomatie européenne.

«L'Union européenne a suivi avec une vive inquiétude l'affaire de Troy Davis. De sérieux doutes ont toujours entouré les preuves sur lesquelles a été établie la condamnation de M. Davis, comme l'ont reconnu les juges en appel. L'Union européenne appelle donc à commuer dans l'urgence sa peine», a plaidé Mme Ashton.

Photo: AFP

Troy Davis