Barack Obama, qui se dit «frustré» par l'inertie du Congrès, se prépare à une dure rentrée politique face à des républicains déterminés à contrarier ses plans pour redresser une économie américaine encore aux abois à 14 mois des élections de 2012.

La première escarmouche a eu lieu mercredi, avant même le retour de congé des parlementaires la semaine prochaine.

M. Obama, qui demandait à prononcer un discours devant le Congrès pour exposer ses projets de relance de l'emploi, a cédé aux exigences de calendrier du président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner.

Il avait initialement demandé à prononcer ce discours le 7 septembre à 20H00 --en même temps qu'un débat télévisé des candidats à l'investiture républicaine pour la présidentielle de l'an prochain. Mais M. Boehner lui a demandé de reporter son allocution d'une journée, ce que le président a fini par accepter.

«Cela fait longtemps que le Congrès ne s'est pas concentré sur ce que les Américains attendent de lui», a écrit M. Obama mercredi soir dans un message électronique à ses partisans après sa passe d'arme avec le chef républicain. «Je sais que vous êtes frustrés par cela. Je le suis aussi», a-t-il ajouté.

Fort de son succès face au président, qui va se retrouver jeudi en concurrence sur les petits écrans avec le début du championnat de football américain, M. Boehner doit prononcer de son côté son propre discours sur l'emploi le 15 septembre.

Vendredi, l'annonce des derniers chiffres du chômage, qui se maintient obstinément à 9,1% dans une économie américaine qui n'a créé aucun emploi au mois d'août, n'a pas arrangé les affaires du président

«Les Américains demandent toujours où sont les emplois?», a lancé John Boehner.

Pendant ce temps, la cote du président est en chute libre et ses perspectives de réélection en novembre 2012 s'estompent.

Selon un sondage publié jeudi par l'Université de Quinnipiac, M. Obama atteint un nouveau seuil d'impopularité avec 52% des personnes interrogées désapprouvant son action contre 42% d'opinions favorables en août. En juillet, le ratio était 47% défavorables, 46% favorables.

Selon un autre sondage CNN/ORC International, publié jeudi, 65% des personnes interrogées désapprouvent l'action de M. Obama sur l'économie, contre 34% seulement qui l'approuvent.

Désireux d'exploiter cette situation, les républicains se retranchent dans leurs positions sur le front de l'économie. Ils insistent sur les réductions budgétaires, refusent catégoriquement toute hausse d'impôts et s'opposent aux nouvelles dépenses. Et ils ont juré de s'en prendre aux réglementations étatiques qui, selon eux, étouffent l'économie.

M. Obama devrait présenter jeudi un plan emploi contenant --avec des réductions de dépenses-- des augmentations d'impôts pour les plus riches, de nouvelles propositions de dépenses d'infrastructures, une aide pour les chômeurs de longue durée et des mesures de soutien aux secteurs les plus en difficulté.

Outre le front de l'emploi, le conflit entre la Maison Blanche et le Congrès devrait continuer de se développer sur le terrain de la dette des États-Unis, dont la note a été abaissée par l'agence Standard and Poor's, provoquant un séisme estival sur les places financières mondiales.

Après une vive confrontation en juillet sur le relèvement du plafond de l'endettement des États-Unis, une super-commission chargée de dégager quelque 1.500 milliards de dollars de réductions budgétaires -- avec six élus démocrates et ses six républicains -- devrait être le théâtre de nouveaux affrontements. La nouvelle entité a jusqu'à fin novembre pour se mettre d'accord.

Autre contentieux, les projets d'accords de libre-échange avec la Corée du Sud, la Colombie et Panama restent en souffrance depuis l'administration Bush.