La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, arrivée vendredi en Zambie, entend accroître les relations commerciales entre les États-Unis et l'Afrique, un continent où la Chine s'est récemment taillée la part du lion.

Son déplacement donne davantage d'importance aux discussions commerciales que les Américains ont tous les ans avec l'Afrique. Cette année, quelque 1600 officiels, chefs d'entreprise et militants de 31 pays sont réunis depuis jeudi à Lusaka.

Sa visite, la première d'un secrétaire d'État américain depuis 1976, montre aussi l'intérêt croissant que les États-Unis ont pour les économies africaines, dont le Fonds monétaire international (FMI) dit qu'elles croîtront plus vite que le reste du monde ces prochaines années.

Six des dix économies les plus dynamiques étaient en Afrique l'an dernier, et la Banque africaine de développement (BAD) signale l'émergence d'une classe moyenne de plus de 300 millions de personnes sur le continent.

«Les États-Unis s'engagent à promouvoir la croissance économique de l'Afrique par le commerce», a déclaré jeudi aux délégués le représentant américain au Commerce, Ron Kirk.

La réunion de Lusaka doit faire le point sur l'Agoa (Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique), la législation américaine permettant à 37 pays africains d'exporter sans droits de douane aux États-Unis, depuis 2000 et jusqu'en 2015, si les bénéficiaires respectent les normes fondamentales de la démocratie et le libre marché.

Une poignée de pays comme la Somalie, le Soudan et le Zimbabwe en sont exclus pour cause de conflits, coups d'État ou troubles politiques, mais les termes sont suffisamment larges pour concerner la majorité du continent.

Les exportations africaines vers les États-Unis ont été plus que décuplées depuis que la loi est entrée en vigueur, mais les produits pétroliers en représentent la majeure partie, principalement en provenance du Nigeria et de l'Angola.

Et si les exportations de produits manufacturés ont également augmenté, elles viennent principalement d'Afrique du Sud.

Les discussions de Lusaka doivent chercher des moyens de stimuler les exportations de vêtements, chaussures, produits agricoles transformés et autres produits fabriqués dans la région.

Mais une disposition de la loi, qui permet à de nombreux pays d'exporter des vêtements fabriqués à partir de tissus importés, a paradoxalement contribué à la croissance d'usines chinoises situées dans des pays tels que le Swaziland.

La Chine est aujourd'hui le partenaire commercial le plus important et le plus grand investisseur en Afrique: le commerce du continent avec le géant asiatique a bondi de plus de 40% l'an dernier, contre une augmentation de 18% avec les États-Unis.

«Je pense que les Chinois ont été plus agressifs en termes de commerce dans la région. Le commerce entre les États unis et l'Afrique, c'est du long terme», estime Mupelwa Sichilima, du groupe de réflexion sud-africain Stratégies et politiques commerciales et industrielles.

Certains pays africains se sont tournés vers la Chine parce que Pékin ne demande rien en matière de droits de l'Homme ou de démocratie.

Mais M. Sichilima relève que, dans la pratique, d'autres restrictions entravent le commerce africain avec les États-Unis et la Chine: essentiellement des considérations telles que les normes pour les produits alimentaires.

«Même si les marchés sont ouverts, la plupart des exportateurs ne peuvent pas respecter les règles strictes requises tant par l'Agoa que par la Chine», dit-il.

«La Chine n'est qu'un autre marché qui est arrivé, mais cela ne signifie pas qu'il avalera tout ce qui vient d'Afrique.»