Le président des États-Unis Barack Obama a dit mercredi son «chagrin» à son homologue Hamid Karzaï au sujet des victimes civiles lors de raids militaires en Afghanistan, à l'occasion d'une vidéoconférence entre les deux responsables, a révélé la Maison Blanche.

MM. Obama et Karzaï se sont parlé pendant une heure mercredi matin et ont discuté de plusieurs sujets, dont la mort du chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden le 2 mai dans un raid américain au Pakistan, a précisé le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney.

M. Obama, au cours de cette conversation, a aussi exprimé son «chagrin au sujet des victimes civiles tragiques, le plus récemment dans la province du Helmand».

«Les deux dirigeants ont noté que les talibans étaient responsables de la grande majorité des pertes civiles», a ajouté M. Carney. MM. Obama et Karzaï «sont d'accord sur le fait que chaque perte civile constitue une tragédie et va à l'encontre de notre mission qui consiste à protéger la population», selon lui.

M. Karzaï, qui entretient des relations notoirement difficiles avec les Occidentaux, a récemment haussé le ton contre la coalition internationale de l'Otan, qui risque selon lui de se transformer en «force d'occupation» aux yeux des Afghans si elle continue à tuer des civils au cours de ses opérations.

M. Karzaï avait notamment qualifié de «grave erreur» et de «meurtre» la mort fin mai de 14 civils dans une frappe aérienne américaine, affirmant lancer «un dernier avertissement aux troupes et responsables américains», sommés de cesser leurs opérations «unilatérales».

Quatorze civils afghans, dont une majorité d'enfants, ont été tués le 28 mai lorsque des hélicoptères, venus aider une position de l'Otan attaquée par des insurgés, ont tiré des roquettes sur deux maisons dans le Helmand, selon les autorités de cette province méridionale, bastion des talibans et où la coalition a enregistré ses plus lourdes pertes depuis le début du conflit fin 2001.

Selon la Maison Blanche, les deux présidents ont aussi évoqué mercredi «leur engagement commun à une réconciliation (nationale) menée par les Afghans, les progrès dans la mise au point d'un partenariat durable entre les États-Unis et l'Afghanistan, et la transition de la sécurité aux Afghans».

Cet entretien est intervenu alors que l'administration américaine réfléchit à un calendrier de retrait de troupes déployées en Afghanistan, et que M. Obama a réuni lundi à la Maison Blanche son équipe de sécurité pour une rencontre mensuelle consacrée à l'Afghanistan et au Pakistan voisin.

Interrogé lundi sur le retrait de troupes en Afghanistan, promis par M. Obama pour juillet 2011 lorsqu'il avait annoncé l'envoi de 30 000 soldats supplémentaires dans le pays en décembre 2009, M. Carney avait affirmé qu'il s'agirait d'un «vrai retrait» mais que son étendue serait soumise aux «conditions sur le terrain».

La décision sera prise par M. Obama «assez rapidement», avait indiqué M. Carney lundi, en refusant toutefois de donner une date précise.

Dimanche en Afghanistan, le secrétaire américain à la Défense sortant Robert Gates avait indiqué que la décision attendue sur l'ampleur du retrait de troupes d'Afghanistan en juillet pourrait comporter un calendrier de retrait des 30 000 militaires envoyés en renfort fin 2009.

Environ 90 000 soldats américains sont actuellement déployés en Afghanistan, constituant le gros des 130 000 hommes de la Force de l'Otan (Isaf) qui soutient le gouvernement afghan face à l'insurrection menée par les talibans depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale.