L'affrontement entre républicains et démocrates américains sur la réduction des déficits doit reprendre de plus belle vendredi au Congrès, après le vote d'un accord controversé pour éviter la paralysie de l'État.

La Chambre des représentants votera vendredi sur le projet de budget pour 2012 des républicains. Ce texte présenté par le président de la commission du Budget de la Chambre, le républicain Paul Ryan, prévoit des coupes drastiques (4400 milliards sur 10 ans), des réductions d'impôts pour les entreprises et les Américains les plus riches et la refonte de programmes d'assurance-maladie.

S'il est adopté à la Chambre, le projet de M. Ryan a peu de chances de franchir la barre du Sénat, aux mains des démocrates.

Mercredi, dans un discours sur la politique budgétaire, le président Barack Obama a éreinté ce projet estimant qu'il fallait «un scalpel plutôt qu'une machette» pour tailler dans les dépenses. Le président a fixé l'objectif de réduire le déficit de 4000 milliards de dollars cumulés sur 12 ans.

Jeudi au Congrès, un chapitre de la bataille budgétaire qui secoue Washington à l'aube de la campagne présidentielle de 2012 s'est refermé après le vote à la Chambre par 260 voix contre 167 -et au Sénat par 81 voix contre 19- d'une loi de finances controversée mettant fin à des semaines d'âpres négociations entre les deux partis.

Le texte évite la paralysie du gouvernement fédéral et finance l'administration américaine jusqu'au 30 septembre. Il permet une réduction budgétaire de 38,5 milliards par rapport à 2010.

Sa promulgation par M. Obama n'est désormais qu'une formalité.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, s'est félicité de l'accord entre démocrates et républicains. Mais, a-t-il dit dans un communiqué, «nous savons tous que des défis difficiles se présentent à nous, entre le développement de notre économie et la réduction de notre déficit».

L'accord avait été conclu vendredi dernier entre les deux partis du Congrès et la Maison-Blanche. Il avait permis, moins d'une heure avant l'échéance, d'éviter une fermeture partielle des services de l'administration.

Mais le sujet divise à l'intérieur des deux camps.

À gauche, une poignée de démocrates estiment que les coupes sont trop sévères. Et sur l'aile droite des républicains, les ultraconservateurs du tea party en demandent davantage et 59 d'entre eux ont rejeté le compromis jeudi.

«Ce projet de loi n'est pas parfait. Il n'y a pas de quoi se réjouir. Il s'agit juste d'un premier pas. Et la prochaine étape viendra demain (vendredi, lorsque la Chambre votera sur le budget» des républicains pour 2012 avait estimé John Boehner, le président républicain de la Chambre, avant le vote jeudi.

L'accord prévoit des coupes sombres notamment dans les dépenses américaines pour l'aide alimentaire à l'étranger ou l'environnement.

En fin de semaine, les élus du Congrès doivent partir en congés parlementaires pour deux semaines avant de s'atteler, à leur retour à Washington, aux débats sur le budget 2012 et à celui sur le nécessaire relèvement du plafond de la dette (14 290 milliards de dollars) qui promettent d'être houleux.

Ces deux débats serviront de fil directeur à la campagne électorale de 2012 où les deux camps vont s'affronter sur deux visions diamétralement opposées de la lutte contre les déficits, alors que le déficit américain devrait atteindre 1600 milliards de dollars en 2011.

Nombre de démocrates et M. Obama sont ainsi opposés à la reconduction définitive des cadeaux de l'ère Bush chers aux républicains, qui avaient été prolongés en décembre.