Les républicains s'attaquent vendredi, deux jours après leur prise de contrôle de la Chambre des représentants, à la réforme du système de couverture maladie aux États-Unis, avec peu de chances d'obtenir l'abrogation de ce texte symbole de la présidence Obama.

Dans un premier vote test vendredi matin à la chambre basse, 236 élus ont voté pour le réglement des débats encadrant l'abrogation et 181 ont voté contre. Ce vote, sans grand suspense étant donné la domination républicaine dans la nouvelle assemblée, ouvre la voie à un autre vote mercredi prochain sur l'abrogation de la loi adoptée en mars 2010.

«Ce n'est pas une surprise pour vous et cela ne devrait pas être une surprise pour nos collègues démocrates ni pour les Américains que nous voulions abroger la loi sur la couverture maladie», a répété jeudi le nouveau président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, devant la presse.

Les républicains ont fait campagne et ont remporté les élections législatives du 2 novembre sur leurs promesses de s'en prendre à la loi phare du président Barack Obama, mais aussi de réduire les dépenses publiques.

Or, selon une estimation du bureau du Budget du Congrès (CBO), un organisme indépendant, l'abrogation rajouterait 230 milliards de dollars au déficit américain sur 10 ans.

M. Boehner a répondu que le CBO «avait le droit d'avoir ses propres opinions». Pour l'économiste conservateur Doug Holtz-Eakin, le retrait du texte est un «premier pas vers l'assainissement budgétaire».

Si la Chambre vote pour l'abrogation la semaine prochaine, il est peu probable que le Sénat, où les démocrates sont restés majoritaires, valide la mesure. Dans le cas contraire, l'abrogation se heurterait au veto du président.

La Maison-Blanche a publié jeudi soir sa position officielle sur la question: «l'administration s'oppose fermement» à l'abrogation.

L'ancienne présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, qui dirige désormais la minorité démocrate, a fustigé l'initiative des républicains qui selon elle «se précipitent» pour voter sur l'abrogation du texte qui donne des «droits aux patients».

Les chefs démocrates se disent prêts à défendre la réforme de la couverture santé, fruit de longues négociations pour offrir une couverture maladie à au moins 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus et couvrir environ 95% des moins de 65 ans. Parmi les autres mesures clés, le texte empêche aussi les compagnies d'assurance de refuser une couverture aux enfants préalablement malades.

Si les républicains ont peu de chances de parvenir à l'abrogation, ils pourront agir sur un autre levier: dans les discussions budgétaires prévues dans les prochaines semaines, les républicains ont la capacité d'entraver l'application de la réforme en refusant de valider le financement de certaines mesures.

Selon un sondage Gallup publié vendredi, 46% des Américains sont favorables à l'abrogation contre 40% qui s'y opposent.