Après des succès inattendus en fin d'année et des vacances discrètes à Hawaii, Barack Obama est rentré hier matin à Washington, où il fera face dès aujourd'hui à une nouvelle réalité politique. Sur le coup de midi, les républicains prendront le contrôle de la Chambre des représentants et accroîtront leur influence au Sénat.

À la veille de la séance inaugurale du 112e Congrès, le président démocrate a exhorté ses adversaires à la coopération sur l'économie, comme si ceux-ci n'avaient pas déjà promis de tout faire pour démanteler ses réformes et le priver d'un second mandat.

«Je souhaite que John Boehner et Mitch McConnell réalisent qu'ils auront beaucoup de temps en 2012 pour faire campagne et que notre tâche, cette année, est de consolider la reprise», a dit le chef de la Maison-Blanche aux journalistes à bord de l'avion qui le ramenait à Washington.

John Boehner, qui succédera à la démocrate Nancy Pelosi à titre de président de la Chambre des représentants, a défini ainsi ses priorités au lendemain des élections de mi-mandat: «Réduire les dépenses publiques et abolir la réforme de la santé tueuse d'emplois.»

Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine du Sénat, est celui qui a fait de la défaite de Barack Obama en 2012 sa priorité no 1. Le nombre de sénateurs républicains passera de 40 à 47 après la prestation de serment des nouveaux élus.

Relation constructive?

Les derniers jours de 2010 ont peut-être donné au président démocrate l'impression qu'il pourrait nouer en 2011 une relation constructive avec ses adversaires. Un certain nombre de sénateurs républicains ont notamment contribué à deux de ses succès en votant pour la ratification du nouveau traité START avec la Russie et pour l'abolition du tabou homosexuel dans l'armée américaine.

Mais cette «période de progrès», pour emprunter l'expression de Barack Obama, ne survivra pas au Nouvel An. Les républicains de la Chambre ont annoncé leur intention de tenir dès le 12 janvier un vote pour abolir la réforme du système de santé promulguée par le président en mars dernier. Ce vote constituera une ouverture symbolique des hostilités, car le Sénat à majorité démocrate a déjà annoncé son refus de suivre l'exemple de la Chambre dans ce dossier.

Le président a également indiqué qu'il opposerait son veto à toute tentative contre la réforme de la santé.

Différends budgétaires

Les affrontements véritables entre le président et le nouveau Congrès devraient porter sur les questions budgétaires. La Maison-Blanche a déjà fait connaître son intention de réduire progressivement le déficit annuel de 1300 milliards de dollars à 700 milliards d'ici à 2014. Reste désormais à savoir si elle peut s'entendre sur les coupes à réaliser avec les républicains, qui veulent réduire les dépenses publiques de 100 milliards de dollars en 2011.

«Je suis disposé à travailler avec quiconque a une bonne idée et la volonté de la réaliser», a déclaré le président Obama, qui définira ses priorités budgétaires à l'occasion du traditionnel discours sur l'état de l'Union, fin janvier ou début février, avant de présenter, une semaine plus tard, son projet de budget.

La Maison-Blanche et les républicains du Congrès risquent également de s'affronter dans quelques semaines sur la question de la dette fédérale, qui atteindra bientôt le plafond de 14 300 milliards de dollars fixé en février 2010. Sans un nouveau vote pour relever ce plafond, le gouvernement fédéral pourrait ne plus être en mesure d'emprunter.

En 1995, un désaccord sur cette question entre la Maison-Blanche de Bill Clinton et la Chambre de Newt Gingrich avait mené à la paralysie du gouvernement fédéral. Certains élus républicains issus du Tea Party pourraient préférer une telle paralysie à un compromis négocié avec le président Obama.

«À ce stade, je suis contre un relèvement du plafond de la dette», a déclaré dimanche la représentante républicaine du Minnesota Michele Bachmann, une des héroïnes du Tea Party, qui réclame une réduction draconienne des dépenses publiques.

Le même jour, dans une entrevue accordée au réseau ABC, le principal conseiller économique de la Maison-Blanche, Austan Goolsbee, a mis en garde le Congrès contre un plafonnement trop rigide de la dette fédérale: «Si nous dépassons le plafond, cela serait sans précédent dans l'histoire américaine et aurait un impact catastrophique sur l'économie», a-t-il dit.