Exaltés par une victoire majeure en cour, les militants des droits des gais et lesbiennes aux États-Unis intensifient la pression sur le Congrès pour qu'il abroge ce mois-ci la politique «don't ask, don't tell», qui interdit aux personnes ouvertement homosexuelles de servir dans l'armée.

Les militants veulent éviter de potentielles longues procédures d'appel et craignent que leurs chances d'obtenir un changement législatif ne s'amenuisent après les élections de mi-mandat, le 2 novembre.

La Chambre des représentants a voté en mai en faveur de l'abrogation de cette politique vieille de 17 ans. Plusieurs démocrates du Sénat, où ils sont majoritaires, veulent s'occuper du dossier dans les quatre semaines qui restent avant la suspension des travaux en prévision des élections, mais ils font face à l'opposition des leaders républicains.

Des groupes nationaux de défense des gais et lesbiennes, qui craignent une possible diminution du nombre de sénateurs démocrates après le 2 novembre, ont pressé vendredi leurs partisans d'inonder les bureaux des sénateurs d'appels et de courriels demandant que le Sénat vote sur cette mesure dans la semaine du 20 septembre.

Les partisans de l'abrogation espèrent que les sénateurs tiendront compte du jugement émis jeudi à Los Angeles par la juge fédérale Virginia Phillips, qui a estimé que la politique «don't ask, don't tell» («Ne demandez pas, n'en parlez pas») était une violation inconstitutionnelle du droit des gais et lesbiennes à la liberté d'expression et à l'application régulière de la loi.

Cette politique a un «effet direct et préjudiciable» sur les forces armées parce qu'elle nuit aux efforts de recrutement en temps de guerre et parce qu'elle requiert le congédiement de soldats qui ont des compétences et un entraînement essentiels, a estimé la juge.

L'organisation Log Cabin Republicans, un groupe républicain de défense des droits des gais et lesbiennes, a poursuivi le gouvernement fédéral en 2004 en vue de mettre fin à cette politique. La juge Phillips a déclaré qu'elle décrèterait une injonction en ce sens dans une semaine.

Le département américain de la Justice n'a pas encore dit s'il interjetterait appel; le porte-parole Charles Miller a affirmé que les procureurs étaient en train d'analyser le jugement.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, et le chef d'état-major des armées des États-Unis, l'amiral Mike Mullen, tous deux favorables à l'abrogation de la politique, ont affirmé qu'il préféraient que l'armée termine son étude de la question avant que le changement ait lieu.

L'étude de l'armée, qui doit être complétée en décembre, inclut notamment des sondages menés auprès des militaires et de leur famille afin de connaître leur opinion sur la façon dont le changement pourrait être mis en application.

Le président Barack Obama a déjà dit qu'il aimerait voir la politique «don't ask, don't tell» abrogée, mais il souhaite que ce soit le Congrès qui en prenne l'initiative.