Le premier Congrès des États-Unis de l'ère Obama aura été l'un des plus productifs, engrangeant les réformes historiques mais récoltant au passage une impopularité de mauvais augure pour le parti du président avant les élections de novembre.

En janvier 2009, le 111e Congrès, fort de larges majorités démocrates dans les deux chambres, s'installait à Washington en même temps que le nouveau président Barack Obama.

Moins d'un mois après, les élus donnaient au président un gigantesque plan de relance de l'économie de 787 milliards de dollars.

L'année suivante, après plusieurs mois d'âpres discussions, le Congrès a finalement accouché d'une vaste réforme de la couverture maladie visant à rendre les soins abordables pour des millions d'Américains.

Puis l'adoption de la réforme de la régulation financière visant à empêcher une réédition de la crise de l'automne 2008 a offert au président Obama sa deuxième victoire législative majeure de l'année.

«Si on le mesure par l'importance des lois adoptées, ce Congrès est historique», estime John Pitney, professeur de sciences politiques au Claremont McKenna College, en Californie.

M. Pitney ajoute cependant que le «Congrès a accompli de grandes choses, mais des choses impopulaires». «Tous les grands sondages ont montré que les Américains s'opposaient à la réforme (du système d'assurance maladie) et ceci est très préjudiciable», précise le professeur.

Le parti du président part donc en campagne pour le renouvellement des 435 sièges de la Chambre et d'un tiers de ceux du Sénat avec quelques handicaps et une cote de popularité générale en berne.

En outre, l'état de l'économie encore très faible, avec des pertes d'emplois persistantes et un taux de chômage stabilisé autour de 9,5%, sera l'un des arguments de campagne de l'opposition républicaine.

«C'est une élection de mi-mandat qui va être dominée premièrement par l'emploi et deuxièmement par l'économie», juge Matt Dickinson, professeur de sciences politiques au Middlebury College (Vermont).

Pour M. Dickinson, le fait pour les démocrates de jouer la carte du bilan de l'administration Bush est une des stratégies possibles. «Les candidats démocrates espèrent que les électeurs n'ont pas une mémoire incroyablement courte et qu'ils peuvent regarder en arrière et se dire: "au fait, nous avons hérité de ce désastre"».

La direction démocrate a souvent assuré ces dernières semaines que l'état de l'économie est le résultat de politiques - notamment fiscales - qui ont échoué sous le président républicain George W. Bush.

Parallèlement, le bureau de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a fourni quelques conseils aux élus en campagne pour mieux vendre les réalisations législatives à des électeurs qui n'en verront pas les effets avant longtemps.

Le parti au pouvoir à la Maison Blanche et au Congrès perd généralement des sièges aux premières élections de mi-mandat. Les démocrates, qui ont engrangé de nombreux sièges avec les élections de 2006 et 2008, devront ainsi en défendre plus que leurs opposants.

«Chacun sait que les démocrates vont perdre beaucoup de sièges. La question est seulement de savoir si c'est assez pour que (les républicains) prennent le contrôle du Congrès», affirme Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l'Université de Virginie.

Les deux chambres du Congrès sont en vacances parlementaires d'été jusqu'à la mi-septembre.