Michelle Obama se défend d'être un animal politique. Pourtant, avec un meeting par-ci et un message aux sympathisants par-là, elle a déjà apporté un soutien appréciable aux démocrates. À moins de 100 jours des élections de mi-mandat, les candidats du parti de l'âne espèrent bien que leur très populaire Première Dame s'impliquera encore davantage dans la campagne.

Pour l'épouse du président, il s'agit de trouver un juste équilibre entre l'agenda politique pur et dur et les causes qu'elle défend, par exemple la promotion du sport pour lutter contre l'obésité infantile. C'est en effet l'image apolitique qu'elle cultive qui la rend si populaire auprès des Américains.

Michelle Obama a déjà prouvé qu'elle pouvait, mine de rien, apporter un soutien non négligeable à des candidats en difficulté.

Le chef de la majorité sénatoriale Harry Reid, engagé dans une difficile bataille pour sa réélection, a reçu la visite de la Première Dame, venue au Nevada pour son programme «Let's Move» (Bougeons) qui incite les enfants à faire du sport. Le sénateur Reid est «l'une des personnes que je préfère au monde», a déclaré Michelle Obama à cette occasion. «Un président ne peut rien faire s'il n'est pas entouré d'une bonne équipe et le sénateur Reid fait partie de cette équipe».

Pinkie Thompson, une militante démocrate qui a écouté un discours de la First Lady lors d'un meeting de femmes à Reno, a pu constater comment elle avait conquis la foule. «Sa présence remplissait la pièce», confie-t-elle. «Elle est vraiment dans le moment, très présente pour ceux qui l'entourent. C'est une qualité très forte, que tout le monde n'a pas».

Michelle Obama a au moins un mois pour décider de sa tactique. Elle prend des vacances en août puis s'occupera de la rentrée scolaire de ses filles. Ce n'est qu'ensuite qu'elle reprendra sa campagne «Let's Move».

Les démocrates, bien sûr, comptent sur sa popularité, qui dépasse de loin celle de son président de mari. Si elle lançait un appel aux dons, cela se traduirait en espèces sonnantes et trébuchantes pour les candidats. Et si elle se contentait de prendre la parole en public, elle serait un atout de poids pour le parti.

Cependant, la Première Dame garde ses distances avec l'arène politique. «La politique, c'est important - sinon, je ne soutiendrais pas mon époux», a-t-elle déclaré cette année. «Mais ce n'est pas qui je suis et ce ne sera jamais mon objectif. Le fait de baigner là-dedans n'y change rien».

Sa cheffe de cabinet Susan Sher s'attend à «recevoir des indications de l'équipe politique dans les semaines à venir sur l'ensemble de la stratégie» pour les élections de mi-mandat à l'automne. «À partir de là, nous pourrons prendre des décisions éclairées sur la façon dont elle peut être la plus utile».

Ces dernières semaines, la First Lady a envoyé deux e-mails aux 13 millions de sympathisants d'Organizing for America, l'organisation politique de Barack Obama qui fédère ses sympathisants depuis la présidentielle. Dans le premier, elle soutenait la réforme du système de santé, dont elle énumérait les bons points «pour les mamans comme moi». Dans le second, elle invitait les sympathisants à signer une carte de voeux numérique pour le 49e anniversaire de son mari le 4 août. Les noms et adresses e-mail ainsi récoltées fournissent à Organizing for America un fichier de sympathisants engagés, qui peuvent être mobilisés pour la campagne démocrate.

Le seul événement ouvertement politique auquel Michelle Obama ait pris part était le «Women's Leadership Forum» du comité national démocrate. Dans son discours, elle a surtout parlé économie, santé et éducation. Mais elle a aussi galvanisé les femmes du parti démocrate, en vue des élections de mi-mandat du 2 novembre.

«Nous savons toutes que lorsqu'on a besoin que quelque chose soit fait et qu'on demande aux femmes de le faire, c'est fait», a-t-elle lancé. «Et dans les mois qui mènent à novembre et au-delà, nous allons avoir besoin que vous alliez sur le terrain et que vous fassiez le boulot».