Le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Manfred Nowak, a critiqué mercredi le président américain Barack Obama et son administration pour n'avoir pas enquêté sur des allégations de torture remontant à son prédécesseur George W. Bush.

«Ceci est ma critique de l'administration Obama: elle ne fait pas assez pour remédier à ce qui a été commis par le passé», a expliqué M. Nowak lors d'une conférence de presse. «Je pense que c'est une question de droits», a-t-il ajouté.

«Les États-Unis sont membres de la Convention de l'ONU contre la torture et il y a des obligations légales très claires (qui stipulent) qu'en cas d'informations ou plaintes sur des tortures, il faut faire des enquêtes indépendantes et efficaces», a insisté l'expert.

Des plaintes sur des cas de tortures et de détentions secrètes de prisonniers ont émergé après le lancement de la «guerre contre le terrorisme» par l'administration Bush, suite aux attentats du 11 septembre 2001.

Des défenseurs des droits de l'homme accusent Washington d'avoir notamment transféré des prisonniers dans des lieux de détention secrets utilisés par la CIA dans des pays étrangers pour faire des interrogatoires plus musclés des terroristes présumés.

L'administration Bush a reconnu avoir eu recours à ces lieux secrets mais assure qu'elle avait des garanties que la torture n'y était pas pratiquée.

Pour M. Nowak, la Maison-Blanche et le président Obama ont une «obligation nationale» d'enquêter sur les plaintes pour juger les coupables et donner des compensations aux victimes.

La «guerre contre le terrorisme» de Washington a eu «une influence très, très négative sur la prohibition totale de la torture», a déploré M. Nowak.

L'expert indépendant a assuré avoir néanmoins «un profond respect» pour l'actuelle politique de changement américaine. «Beaucoup a été fait», même si la prison de Guantanamo n'a pas encore été fermée, a ajouté M. Nowak faisant valoir les «obstacles du Congrès américain» et le manque de «soutien des alliés européens».

M. Obama s'est engagé à fermer la prison militaire de l'enclave américaine à Cuba où cinq hommes soupçonnés d'avoir organisé les attentats du 11 septembre sont actuellement détenus.