Le président Barack Obama réunira jeudi des élus du Congrès en un «sommet» dans l'espoir de sortir de l'ornière une réforme de l'assurance maladie emblématique du début de son mandat.

Républicains et démocrates ont été conviés à Blair House, résidence des dignitaires étrangers en visite et voisine de la Maison Blanche, pour cette réunion télévisée destinée à «mettre sur la table» les idées pouvant faire progresser ce dossier.

La Chambre des représentants et le Sénat ont voté fin 2009 des versions différentes d'une réforme de l'assurance maladie. Mais le processus de fusion des textes a été interrompu par la perte par les démocrates de leur majorité qualifiée au Sénat le 19 janvier.

Les républicains, qui ont désormais le pouvoir de bloquer l'adoption de lois, ont exigé de repartir de zéro en dénonçant des projets qui selon eux constituent une prise de contrôle par l'État d'un système aujourd'hui dominé par les assureurs privés.

De son côté, M. Obama a persisté dans son approche d'une réforme de fond d'un dispositif coûteux, porteur de lourds déficits à l'avenir et qui laisse des dizaines de millions d'Américains sans couverture.

Lundi, la Maison-Blanche a mis en ligne sur son site internet la version de la réforme souhaitée par M. Obama, «proposition de départ» pour la réunion de jeudi, censée commencer à 10h00 et durer six heures.

Ce plan, qui «rapproche les versions de la Chambre et du Sénat», permettrait à «31 millions d'Américains» supplémentaires de s'assurer, notamment grâce à un plafonnement subventionné des dépenses de santé pour la classe moyenne.

La Maison-Blanche a pressé les républicains de présenter eux aussi leurs idées. Ils ne l'avaient pas fait mardi, ce que le porte-parole de la présidence Robert Gibbs a qualifié de «décevant».

Réitérant son souhait de voir une réforme graduelle, le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell, a affirmé mardi que son parti participerait à la réunion en faisant preuve «de bonne foi».

Mais il a aussi noté que la réforme était impopulaire. «En faisant la moyenne des sondages dans le pays, nous savons ce que pensent les Américains sur ce sujet. Nous savons que 55% sont contre et 37% pour», a expliqué M. McConnell, qui sera accompagné jeudi par sept de ses collègues à Blair House, dont John McCain, concurrent malheureux de M. Obama lors de la présidentielle de 2008.

M. Obama a concédé que le long processus de négociations sur cette réforme à l'époque où les démocrates disposaient d'une «super-majorité» avait provoqué «l'armertume» des Américains.

La diffusion du sommet de jeudi à la télévision permettra selon la Maison Blanche de répondre au souhait de «transparence» des administrés.

Mais la marge de manoeuvre semble plus que réduite. En appelant les républicains à coopérer, «Obama est sincère, mais il ne s'attend pas, à juste titre, que les républicains s'engagent sérieusement ou fassent des compromis», estime l'expert en sciences politiques Thomas Mann, de l'Institut Brookings.

Les républicains escomptent des gains substantiels de sièges au Congrès des élections de novembre et semblent peu enclins à coopérer.

Si le sommet est un échec, M. Obama pourra prendre les Américains à témoin et se lancer dans un processus législatif de «réconciliation», qui permettrait d'adopter une version modifiée du texte du Sénat avec un vote à la majorité simple de 51 voix, selon M. Mann.

Interrogé à ce sujet mardi pour la deuxième journée consécutive, M. Gibbs s'est refusé à évoquer la stratégie de la Maison Blanche.