Le renseignement américain a intercepté il y a quatre mois des conversations entre leaders d'Al-Qaeda au Yémen au sujet d'un complot impliquant un Nigérian en vue d'une éventuelle attaque terroriste, selon des sources officielles citées par le New York Times. Les services d'espionnage ont cependant été incapables de recouper ces faits avec d'autres informations qui auraient pu contrecarrer les plans d'Umar Farouk Abdulmutallabl, auteur de la tentative d'attentat du 25 décembre contre un avion de ligne.

Selon un agent du renseignement cité par CBS, les agences savaient qu'Al-Qaeda préparait une «surprise pour Noël», mais elles n'étaient pas en mesure de prévoir cet acte en particulier. Le problème, a-t-il avancé, est que le Centre national de l'antiterrorisme (NCTC) «reçoit 8000 messages par jour».

La CIA a néanmoins tenté mercredi de répondre aux griefs du président Obama sur l'échec « inacceptable » du système de sécurité après cet attentat raté, alors que des mesures de sûreté renforcées étaient annoncées dans plusieurs aéroports internationaux.

Au lendemain du sermon de Barack Obama, qui a jugé «totalement inacceptable» «l'échec du dispositif», la CIA s'est défendue d'avoir insuffisamment diffusé les informations livrées avant l'attentat manqué par le père du suspect, Umar Farouk Abdulmutallab, à l'ambassade américaine au Nigeria.

«Nous avons travaillé avec l'ambassade pour nous assurer qu'il était dans la base de données gouvernementale de personnes susceptibles d'avoir un lien avec le terrorisme, et qu'il y était fait mention de ses possibles connexions avec des extrémistes au Yémen», a assuré le porte-parole de la CIA, Paul Gimigliano.

«Nous avons également envoyé des informations biographiques-clé à son sujet au NCTC», l'agence gouvernementale qui coordonne les activités du renseignement américain, a-t-il affirmé.

Un responsable du renseignement américain a indiqué à l'AFP que l'entretien avec le père du suspect ne contenait par ailleurs pas d'«élément-clé» qui aurait permis de placer le jeune homme sur la liste des quelque 4000 personnes interdites de vol vers les États-Unis.

Les listes de surveillance des terroristes potentiels, de même que les procédures d'inspection, ont commencé à être réexaminées, a assuré la ministre américaine de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, soulignant que Washington est «déterminé à identifier et à remédier aux failles».

Et alors que compagnies aériennes et aéroports internationaux imposaient de nouveaux contrôles à l'embarquement, la question du recours aux scanners corporels fait son chemin.

Au Nigeria, des scanners corporels «en trois dimensions» vont équiper les aéroports internationaux, a annoncé mercredi l'Autorité de l'aviation civile (NCAA) nigériane.

L'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, par lequel le Nigérian a transité, a annoncé de son côté que des scanners corporels seraient utilisés « dans les trois semaines » pour contrôler les passagers en partance vers les États-Unis.

Dans l'intervalle, il semble que la «piste yéménite» risque de compliquer la fermeture du centre de détention de Guantánamo, où la moitié des détenus restants sont originaires de ce pays pauvre du sud de la péninsule arabique.

Le Yémen est en effet de plus en plus considéré comme un bastion d'Al-Qaeda, et c'est une cellule de l'organisation terroriste de la péninsule arabique qui a revendiqué cet attentat raté du jour de Noël : deux de ses chefs sont d'anciens détenus de Guantánamo, des Saoudiens libérés en novembre 2007.

Quelque 90 Yéménites sont toujours détenus dans cette prison, certains depuis sept ans.

- Avec le New York Times