Assurance maladie, réchauffement, économie, conflits: après s'être heurté aux réalités lors de sa première année de pouvoir, Barack Obama est condamné à réussir avant les élections de mi-mandat à l'automne 2010, traditionnellement difficiles pour un président américain.

Elu sur les slogans «espoir» et «changement», le premier Noir à diriger les États-Unis tente dès le début de son mandat de solder une partie de l'héritage de huit ans de pouvoir républicain, en donnant l'ordre de fermer Guantanamo et en interdisant la torture.

Délaissant la rhétorique de «l'axe du mal» de George W. Bush, le dirigeant démocrate tend la main à des pays comme l'Iran, Cuba et la Corée du Nord, fixe à la fin 2011 l'achèvement du retrait des soldats américains d'Irak et tente de relancer les négociations israélo-palestiniennes.

Sur le plan intérieur, M. Obama s'attaque à la pire crise économique depuis les années 1930 avec un plan de relance de 787 milliards de dollars, assorti d'une plus grande régulation du système financier. Il force aussi une industrie automobile américaine en perdition à se restructurer.

Après de longues tractations, M. Obama engrange un succès sur la réforme de l'assurance maladie avec le feu vert du Sénat à un texte fournissant une couverture à 30 millions d'Américains supplémentaires. Ce texte doit encore être fusionné avec celui de la Chambre des représentants avant d'être promulgué, sans doute pas avant fin janvier.

M. Obama, chantre de l'avènement d'une économie «verte», est moins heureux sur le chantier de la lutte contre le réchauffement climatique, malgré le vote d'un texte à la Chambre. La bataille sur ce sujet promet d'être ardue au Sénat début 2010, alors que malgré l'engagement du président, le sommet de Copenhague n'a pas débouché sur un accord contraignant sur la limitation des gaz à effet de serre.

Certains élus répugnent à prendre des risques, alors que toute la Chambre des représentants et un tiers du Sénat doivent être renouvelés en novembre 2010. De ces consultations dépendra la marge de manoeuvre de M. Obama lors de la deuxième partie de son mandat.

Les prochains mois vont donc être cruciaux pour un président dont la cote de popularité a glissé sous 50%. Même apparemment stabilisé, le taux de chômage reste à 10%, sans précédent depuis 25 ans; le déficit budgétaire dépasse 1.400 milliards de dollars et pose la question de la solidité du billet vert.

Malgré un changement de ton sur la scène internationale, salué par un inattendu et pour certains prématuré prix Nobel de la paix, M. Obama se retrouve aussi sur la corde raide à l'étranger, après avoir parié sur une escalade militaire en Afghanistan.

L'Irak reste en proie à des violences, tandis que l'Iran n'a pas mis de frein à son programme nucléaire. Israéliens et Palestiniens ne négocient toujours pas.

À 48 ans, M. Obama garde pour lui le charisme et l'éloquence l'ayant servi lors de la campagne électorale, même si les envolées de ses discours de campagne ont fait place au réalisme.

À gauche, les critiques de M. Obama notent qu'il s'est accommodé de certaines politiques controversées de M. Bush, en conservant des tribunaux militaires d'exception, en refusant de poursuivre des fonctionnaires ayant torturé, ou en continuant les attaques de drones au Pakistan.

Les républicains dénoncent au contraire un président trop «mou» face aux régimes dictatoriaux et qui hésite longuement avant d'agir. Ils lui reprochent de laisser filer le déficit, voire de mettre en danger des Américains en faisant juger les accusés du 11-Septembre par un tribunal civil en plein New York.