Barack Obama doit nommer cette semaine -peut-être dès mardi- un nouveau juge à la Cour suprême des Etats-Unis. Mais avant d'annoncer son choix, le chef de la Maison Blanche a déjà laissé filtrer des éléments de la personnalité de celui ou celle qui remplacera le juge David Souter: une forte dimension intellectuelle, associée à un «sens commun», lui permettant de tenir compte du point de vue des plus faibles.

Selon un haut responsable de l'administration s'exprimant sous couvert de l'anonymat, M. Obama a reçu au moins deux prétendants au poste, dont la juge de cour d'appel fédérale Diane Wood.

Sur cette désignation, qui l'engagera bien au-delà de la durée de son mandat, le chef de l'exécutif américain a diffusé quelques indices, reflets à la fois de sa vision de la fonction présidentielle et de son parcours personnel à seulement 47 ans.

«Il ne faut pas seulement un intellect capable d'appliquer» les «lois aux cas qui se présentent», a-t-il expliqué dans un entretien diffusé samedi par la chaîne C-SPAN. «Il faut quelqu'un qui soit en mesure de se mettre à la place de quelqu'un d'autre, d'adopter son regard et de s'assurer du bon fonctionnement d'une loi dans la vie de tous les jours.»

Cette qualité, qualifiée d'"empathie» par Barack Obama, est un facteur déterminant dans la sélection du nouveau magistrat de la plus haute juridiction américaine, appelé à remplacer le juge Souter, qui prendra sa retraite à l'expiration de son mandat fin juin. Parmi les autres critères que prend en compte le président figurent la philosophie judiciaire, l'influence intellectuelle, l'âge, le sexe, les origines ethniques et la perspective d'une confirmation du Sénat.

Si beaucoup s'attendent à le voir désigner une femme, voire une hispanique, Barack Obama jure qu'il ne se laissera pas dicter son choix par des considérations démographiques. Pour l'heure, la Cour suprême compte une seule femme, Ruth Bader Ginsburg, et aucun hispanique sur un total de neuf juges.

En fin de compte, il pourrait désigner une personne avec laquelle il sait pouvoir travailler. Le mandat d'un président ne peut toutefois dépasser huit ans, alors que le choix d'un magistrat de la Cour suprême peut peser sur des générations entières d'Américains.

Les six candidats pressentis à la fonction sont Diane Wood et Sonia Sotomayor, toutes deux juges de cours d'appel, Elena Kagan, représentante du gouvernement auprès de la Cour suprême, la gouverneure du Michigan Jennifer Granholm, la secrétaire à la Sécurité intérieure Janet Napolitano et le juge de la Cour suprême de Californie Carlos Moreno.

Barack Obama, qui est lui-même avocat de formation, peut bien entendu créer la surprise en désignant une personnalité extérieure au groupe des «Six». Seule certitude: il opère avec méthode, consultant les membres de la commission judiciaire du Sénat et un cercle restreint de conseillers, sans permettre aux différents groupes de pression de peser sur son choix.

«Il prend sa décision lui-même, mais je crois qu'il écoute les arguments ou les contre-arguments d'autres personnes», affirme David Strauss, professeur à l'Université de Chicago, où il a enseigné le droit avec Barack Obama.

Le chef de la Maison Blanche, qui laissera le délai traditionnel de 70 jours au Sénat pour confirmer son choix, passait le week-end en famille à Camp David. Selon ses conseillers, sa décision n'était pas encore prise.