Le président américain Barack Obama doit prononcer dimanche un discours à l'université catholique Notre Dame à South Bend, où des militants anti-avortement ont prévu de manifester dans l'après-midi contre sa politique.

«Le président a admis pendant la campagne (présidentielle) qu'il ne sait pas à partir de quand l'enfant devient un être humain. Comment pouvez-vous défendre les droits humains si vous ne savez pas qui en bénéficie?», a déclaré dimanche sur la chaîne de télévision Fox le prêtre Frank Pavone, l'un des organisateurs des protestations contre le président Obama. La visite du président semble pourtant acceptée parmi les étudiants dont le le journal a assuré que 74% du courrier des lecteurs est favorable à la visite.

Mais plus de 360 000 personnes ont signé une pétition demandant à la présidence de l'université d'annuler l'invitation.

La visite du président a été maintenue et celui-ci doit prononcer un discours et recevoir un doctorat honoris causa de droit dans cette université catholique fondée en 1842, l'une des principales institutions universitaires catholiques aux États-Unis.

Samedi, des militants anti-avortement se tenaient déjà à l'entrée du campus arborant des panneaux de protestation contre la visite du président. La police a interpellé une dizaine de personnes, selon la presse locale.

Une camionnette faisait le tour de la ville avec des images de foetus avortés, selon les mêmes médias.

M. Pavone a mis en lumière un nouveau sondage de Gallup selon lequel, pour la première fois depuis que l'institut a commencé à travailler sur la question en 1995, les Américains se définissent plus majoritairement comme «anti-avortement» que l'inverse.

Dans le sondage publié vendredi, 51% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles s'opposaient à l'avortement, contre 42% qui estimaient que ce choix revient aux femmes.

Cette controverse intervient au moment où le président doit se prononcer prochainement sur le choix d'un nouveau juge pour la Cour suprême, dont la position sur l'avortement sera regardée de près.

Le président a tenté de désarmer l'une des questions les plus brûlantes en politique américaine, en assurant que l'avortement devrait rester légal mais que le gouvernement devrait faire tout ce qui est en son pouvoir pour limiter les grossesses non-souhaitées.

Mais lorsque M. Obama a ré-autorisé le financement par l'État de la recherche sur les cellules souches embryonnaires en invoquant le potentiel de ces cellules pour aider à soigner certaines des maladies les plus graves, il a provoqué la colère du camp anti-avortement.

De son côté, le président du parti républicain Michael Steele, catholique lui-même, a estimé dimanche sur la chaîne NBC que l'université ne devrait pas décerner de doctorat honoris causa au président, tout en affirmant que celui-ci pouvait s'y exprimer.

Selon un sondage récent du Pew Center, 28% des catholiques interrogés ont estimé qu'il ne fallait pas inviter le président, alors que 50% ont jugé que c'était la bonne chose à faire.

M. Obama a remporté le vote catholique lors de l'élection du 4 novembre et a été le premier candidat démocrate depuis 1964 à remporter l'État de l'Indiana, où se trouve l'université Notre Dame.

M. Obama pourrait parler de l'avortement dans son discours, mais il ne va pas «ressasser sur ce qui nous divise», a déclaré le conseiller de Barack Obama David Axelrod récemment sur la chaîne PBS.