Barack Obama a écrit à son homologue russe Dmitri Medvedev une lettre évoquant l'avenir du projet américain de bouclier antimissile en Europe et la «menace» iranienne, mais a rejeté mardi l'idée d'un marchandage avec la Russie, avancée dans la presse.

«Le président Obama a envoyé une lettre à Medvedev abordant un large éventail de sujets, y compris le bouclier antimissile et la manière dont il est lié à la menace iranienne», a déclaré mardi à l'AFP un haut responsable américain qui a requis l'anonymat.

Il était interrogé sur un article publié mardi par le New York Times selon lequel le président Obama a écrit à son homologue russe pour lui dire que les Etats-Unis seraient prêts à ne plus déployer leur bouclier antimissile en Europe en échange de l'aide de la Russie sur le nucléaire iranien.

M. Obama a assuré mardi que sa lettre à M. Medvedev n'était pas un marchandage.

«Ce que j'ai dit dans cette lettre, c'est ce que j'ai dit publiquement, à savoir que le système de défense antimissile dont nous avons parlé en Europe est dirigé, non contre la Russie, mais contre l'Iran», a-t-il dit lors d'une apparition devant la presse avec le Premier ministre britannique Gordon Brown, en visite à la Maison Blanche.

«Et ce que j'ai dit dans la lettre, c'est que, dans la mesure où nous réduisons la détermination de l'Iran à posséder des armes nucléaires, cela diminue aussi la pression, ou la nécessité d'avoir un système de défense antimissile», a-t-il ajouté.

En visite à Madrid, Dmitri Medvedev avait un peu plus tôt rejeté lui aussi l'idée d'un donnant-donnant. «Si nous parlons d'une sorte d'échange, la question n'a pas été présentée de cette façon, car ce n'est pas constructif», a-t-il dit.

Le président russe s'est toutefois félicité que l'administration Obama soit disposée à entamer des discussions sur le projet antimissile du précédent président américain George W. Bush et s'est déclaré favorable à un bouclier antimissile «commun» pour lutter contre les «menaces globales».

Le sujet devrait être discuté vendredi à Genève entre les ministres des Affaires étrangères Hillary Clinton et Sergueï Lavrov.

Les Etats-Unis négocient avec la Pologne et la République tchèque l'installation sur leur territoire de dix intercepteurs de missiles et d'un système de radar, afin de faire face à un éventuel tir de missile venant par exemple de l'Iran que les Occidentaux soupçonnent par ailleurs de vouloir se doter de l'arme atomique, ce que Téhéran nie.

Moscou voit dans l'installation de ce bouclier une menace à sa sécurité.

Interrogée sur l'article du New York Times au cours d'une conférence de presse lors de sa première visite en tant que secrétaire d'Etat en Israël, Hillary Clinton s'est contentée de répondre que le système de défense antimissile avait «toujours eu pour but de dissuader toute attaque de missile venant d'Iran».

«Cela a été notre position déclarée. Cela reste notre position. Nous l'avons déjà expliqué aux Russes auparavant», a-t-elle dit.

Un porte-parole du département d'Etat, Gordon Duguid, a expliqué qu'en matière de défense antimissile, l'administration Obama étudierait «plusieurs critères: est-ce que cela fonctionne? Est-ce efficace en termes de coût et la menace iranienne est-elle permanente? Quelle est la nature de la menace?».

Si les Etats-Unis réévaluent leurs besoins en matière de défense antimissile, «ce ne sera pas un marchandage» mais une décision «basée sur des faits», a-t-il insisté.