Le président des États-Unis, Barack Obama, se veut rassurant : le plan de relance de 787 milliards de dollars adopté par son administration vise à stimuler l'économie américaine enfoncée dans une profonde récession et non pas à ériger des barrières protectionnistes.

Dans une entrevue accordée au réseau CBC, hier, deux jours avant sa visite officielle au Canada, le nouvel homme fort de la Maison-Blanche a affirmé que les Canadiens n'ont pas à craindre les mesures contenues dans ce plan de relance, dont la clause dite «Buy America».

M. Obama a affirmé que les autorités américaines entendent respecter leurs obligations internationales en matière de commerce, dont l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), dans la mise en oeuvre de ce plan économique.

La version initiale du plan de relance contenait une clause «Buy America» stipulant que les entreprises ayant des contrats pour des projets d'infrastructure devaient acheter le fer et l'acier entièrement aux États-Unis. Cette clause avait été dénoncée par le Canada et l'Union européenne comme étant le début d'une guerre protectionniste qui pourrait annihiler les chances de reprise mondiale à court terme.

Dans la version définitive du plan adoptée par le Congrès américain, la semaine dernière, cette clause a été amendée pour préciser que les autorités américaines encourageaient l'achat local tout en respectant les obligations internationales des États-Unis en matière de commerce.

«Les Canadiens ne devraient pas s'inquiéter outre mesure. Si on examine l'histoire, l'une des choses les plus importantes dans une récession mondiale comme celle que nous traversons, c'est de s'assurer que chaque pays n'adopte pas des politiques protectionnistes. Cela risque de nuire encore plus commerce international», a affirmé le président américain.

«Mon administration s'est engagée à faire en sorte de renforcer l'économie américaine de manière à permettre en même temps à nos partenaires commerciaux, comme le Canada, de faire des affaires à l'intérieur de nos frontières», a-t-il ajouté du même souffle.

Durant sa visite officielle d'environ sept heures à Ottawa, le président compte faire le point sur de nombreux dossiers avec le premier ministre Stephen Harper : l'économie, la lutte contre les changements climatiques et la mission en Afghanistan, entre autres.

Dans cette entrevue à la CBC, la première accordée à un média canadien, le président américain réitère sa promesse faite durant la campagne présidentielle de renégocier l'ALENA pour renforcer les dispositions relatives à la protection de l'environnement et des travailleurs.

Barack Obama ne croit pas qu'il faille déchirer l'accord actuel et relancer les négociations à zéro. Il affirme qu'il serait satisfait que l'on incorpore les ententes parallèles sur l'environnement et la protection des travailleurs dans l'entente-cadre de manière à ce que l'on puisse les appliquer pleinement.

Cela dit, le président américain est catégorique: son administration ne veut pas faire de geste qui aurait pour effet de ralentir les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis.

«Le Canada est l'un de nos partenaires commerciaux les plus importants. Nous dépendons largement du Canada. La valeur des échanges commerciaux atteint 1,5 milliard de dollars par jour dans les deux sens. Ce n'est pas dans l'intérêt de personne que ces échanges diminuent», affirme M. Obama.

Poursuivre la mission afghane

Par ailleurs, le président souhaite que le Canada continue à jouer un rôle important en Afghanistan après le retrait des 2500 soldats canadiens prévu en 2011.

En réponse à une question du chef d'antenne de CBC, Peter Mansbridge, M. Obama a salué le rôle important joué en Afghanistan par le Canada depuis 2002. Il a évoqué la «contribution extraordinaire» du Canada et exprimé sa gratitude à l'endroit des familles ayant perdu un proche dans cette difficile lutte contre le terrorisme.

Le président compte profiter de sa première rencontre avec le premier ministre Stephen Harper demain pour discuter de la suite des choses dans ce pays ravagé par des années de guerre. Durant la dernière campagne présidentielle, Barack Obama a promis d'augmenter le nombre de soldats américains déployés en Afghanistan. Des sources américaines ont déclaré à l'Associated Press que le président avait approuvé hier l'envoi de 17 000 soldats supplémentaires.

Selon M. Obama, les pays alliés ne pourront pas couronner cette mission en Afghanistan en misant uniquement sur la force militaire. Il faut, selon lui, consacrer davantage d'efforts à la diplomatie, à la reconstruction et au développement.

«Je suis convaincu que l'on ne peut résoudre la question afghane, (freiner) les talibans et l'expansion de l'extrémisme par la seule voie militaire. Nous devons avoir recours à la diplomatie et au développement...», a plaidé le président américain.

Le gouvernement Harper a déjà fait savoir à plusieurs reprises qu'il n'avait pas l'intention de prolonger le séjour des soldats canadiens au-delà de février 2011, date prévue du retrait des troupes approuvée par une résolution adoptée par la Chambre des communes.

Le président a indiqué ne pas avoir l'intention de demander à M. Harper de revenir sur la décision de retirer les troupes d'ici deux ans.