Une juge fédérale américaine a rejeté la plainte de deux détenus de Guantanamo, en grève de la faim, qui dénonçaient les conditions dans lesquelles ils étaient nourris de force, laissant la nouvelle administration décider d'un éventuel nouveau protocole.

Selon le texte de la décision signée par la juge fédérale Gladys Kessler obtenu mercredi par l'AFP, la plainte de ces deux hommes, Mohammed Ali Abdullah Bawazir et Omar Khamis Bin Hamdoon, a été rejetée au motif que la cour fédérale de Washington n'a pas la compétence pour se prononcer sur une question qu'elle laisse à la discrétion des responsables du centre de détention et des experts.

Quarante-et-un des quelque 240 détenus actuels à Guantanamo sont en grève de la faim, a assuré à l'AFP Pauline Storum, responsable de la communication de la prison, dont 35 nourris par injection d'un liquide protéiné dans leur estomac grâce à un tube introduit par les narines.

Les deux plaignants s'opposaient au fait que le personnel de la prison, pour les nourrir, les «attache fermement à une chaise avec des courroies à hauteur des bras, des jambes, de la poitrine et du front» pour une procédure d'une heure environ.

Les deux plaignants affirmaient ne pas s'opposer à être nourris de force, rendant leur immobilisation inutile. Ils assuraient également que les grévistes de la faim ne recevaient pas de traitements médicaux correspondant à leur état, «à moins qu'ils ne mettent un terme à leur grève de la faim».

Insistant sur le «sérieux» avec lequel elle a analysé leur plainte, la juge Kessler rappelle dans sa décision que les détenus de Guantanamo sont restés des années enfermés «à la merci de leurs geôliers» et que «leurs conditions de vie à Guantanamo ont été difficiles». Certains sont en grève de la fin depuis «cinq ans ou plus», précise-t-elle.

Mais, «bien que douloureusement consciente de cette situation», elle estime néanmoins que la cour fédérale de Washington n'est pas compétente et renvoie la question aux responsables de la prison et aux experts. Elle explique en outre que les détenus, pour qui être attachés à cette chaise s'apparente à de la torture, ne risquant «ni la mort ni une blessure durable» en étant attachés, n'ont pu faire la preuve d'un «mal irréparable».

C'est donc à l'administration Obama, qui a promis une amélioration des conditions de détention à Guantanamo, par la mise en conformité notamment avec les Conventions de Genève, que revient donc la responsabilité de prendre une décision sur la meilleure manière de gérer les grèves de la faim dans la prison.