À cinq jours de l'investiture de Barack Obama, George W. Bush doit prononcer son discours d'adieu jeudi soir après huit années d'une présidence tumultueuse. L'occasion une nouvelle fois pour le chef de la Maison-Blanche sortant de défendre son bilan très controversé, une «mission» qui devrait continuer à l'occuper après son départ de Washington.

Le président américain doit faire ses adieux au pays lors d'un discours de 12 à 15 minutes prévu à 20h dans la salle est de la Maison-Blanche, auquel devait assister un public restreint et trié sur le volet.

Il doit suivre le même canevas que Bill Clinton, Ronald Reagan et Jimmy Carter, et bien d'autres de ses prédécesseurs, lorsqu'ils se sont livrés à cet exercice: exprimer sa gratitude envers son pays, sa fierté de l'avoir servi, souhaiter bonne chance au prochain président et évoquer les grands défis à venir.

Mais M. Bush devrait aussi défendre une nouvelle fois son héritage politique très contesté, ce qu'il s'est déjà employé à faire ces dernières semaines. Pour l'impopulaire président et ses fidèles soutiens, son bilan pourrait se résumer ainsi: il a assuré la sécurité du pays après le 11-Septembre, baissé les impôts, libéré les Irakiens et les Afghans, réformé l'éducation, enregistré 52 mois consécutifs de croissance de l'emploi, pris des décisions importantes quand l'économie a plongé, réformé l'armée et amélioré la réponse aux catastrophes après l'ouragan Katrina.

Mais ses nombreux détracteurs ont une tout autre vision des deux mandats accomplis par M. Bush. Ils en retiennent qu'il a dilapidé le capital de sympathie internationale dont bénéficiait le pays après le 11 septembre, entraîné les États-Unis dans une guerre tragique et inutile en Irak, présidé à la destruction de 2,6 millions d'emplois en 2008, fait gonfler la dette publique, tardé à réagir à Katrina, divisé le pays et refusé d'écouter la volonté populaire.

Les historiens estiment qu'il faudra du temps pour évaluer cette présidence de la manière la plus juste possible. Une chose est sûre, M. Bush se soucie dès maintenant de la perception que ses concitoyens ont de son bilan. Il a multiplié les discours ces dernières semaines pour le défendre. La Maison-Blanche a même diffusé sur son site web une liste de «100 choses que les Américains ne savent peut-être pas sur le bilan de l'administration Bush».

Son père, l'ancien président George H.W. Bush, n'a jamais prononcé de discours d'adieu, mais il pourra lui donner des conseils pour aborder sa vie post-Maison-Blanche. Après l'investiture de Barack Obama mardi, M. Bush retrouvera une vie normale. Enfin pas tout à fait, car il restera malgré tout l'une des personnes les plus connues de la planète.

Dans des écrits, son père avait relaté sa vie avec son épouse juste après son départ de la présidence: «C'est moi qui fais la vaisselle. Je rince les assiettes et les mets dans la machine. Presque en même temps, je remplis la machine à café. Et ensuite nous promenons les chiens.»

Le président sortant s'imagine se lever le matin et préparer le café pour son épouse, Laura. Il aura en tout cas le choix entre deux domiciles: son ranch bien-aimé de Crawford, au Texas, et la nouvelle propriété que la First Lady a choisie pour eux dans une banlieue chic de Dallas.

Agé de 62 ans, M. Bush est plus jeune après deux mandats présidentiels que son père lorsqu'il est entré à la Maison-Blanche. Il prévoit d'être «assez libre pendant un moment» mais avoue qu'il deviendrait nerveux en l'absence d'activité et d'un minimum de discipline.

Il a en tout cas un projet de livre: l'ouvrage porterait sur les décisions les plus difficiles de sa présidence et mettrait l'accent sur le contexte où elles ont été prises, notamment les semaines qui ont suivi les attentats du 11 septembre.

M. Bush aura également son centre présidentiel à la Southern Methodist University de Dallas: il comprendra une collection d'objets liés à son administration, un musée et un institut politique visant à promouvoir la liberté et des mesures phares de sa présidence, par exemple en matière de lutte contre le SIDA et le paludisme.

«Je pense qu'il se sent incompris, et qu'il va essayer de s'expliquer» sur son héritage politique, estime Bruce Buchanan, de l'université du Texas.