Le département d'Etat américain a annoncé lundi dans un communiqué avoir imposé des sanctions à une douzaine de personnes et entreprises liées au père de la bombe atomique pakistanaise, A.Q. Khan.

Abdul Qadeer Khan vit en résidence surveillée au Pakistan depuis qu'il a reconnu s'être livré à des activités de prolifération nucléaire en vendant la technologie pakistanaise à des pays étrangers comme la Libye ou l'Iran, et son réseau a été largement démantelé, note le communiqué, soulignant que cette mesure était prise à titre préventif.

«Nous pensons que ces sanctions aideront à empêcher que ces entités se livrent à de futures activités liées à la prolifération et qu'elles serviront d'avertissement à d'éventuels candidats à la prolifération», indique le communiqué.

«Nous pensons que le réseau de A.Q. Khan n'est plus en état de fonctionnement, mais les pays devraient rester vigilants et s'assurer que les associés de A.Q. Khan et ceux qui cherchent à se livrer à des activités similaires de prolifération, ne deviennent pas une source future d'informations ou d'équipements nucléaires sensibles», note le communiqué.

Outre A.Q. Khan lui-même, la plupart des personnes visées sont citées depuis des années dans la presse pour leurs liens établis avec le scientifique pakistanais: l'homme d'affaires turc Selim Alguadis et sa société EKA (Elektronik Kontrol Aletleri Sanayi ve Ticaret AS), les scientifiques pakistanais Muhammad Farooq et Muhammad Nasim ud Din, le scientifique sri-lankais Buhary Seyyed Abu Tahor, les ingénieurs allemands Gerhard Wisser et Gotthard Lerch, l'ingénieur suisse Daniel Geiges et les frères Paul et Peter Griffin, deux hommes d'affaires britanniques.

La société sud-africaine Tradefin Engineering, montée notamment par Wisser, est également citée dans cette liste qui ne précise pas si ces personnes ou ces sociétés détiennent encore des actifs aux Etats-Unis ou continuent à entretenir des contacts avec des entreprises américaines.

Le communiqué mentionne d'autres personnes sans préciser leur nationalité ni leurs liens avec A.Q. Khan: Kursad Zafer Cire, Shamsul Bahrin bin Rubikan, Shah Hakim Shahnazim Zain et la société turque ETI Elektroteknik Sanayi ve Tikaret AS.

Les sanctions, prises conformément à plusieurs lois et décrets américains, interdisent à ces entités tout prêt privé ou public américain et interdisent au gouvernement américain tout lien commercial avec ces entités. Les avoirs des personnes aux Etats-Unis ou dans les comptes de toute entité américaine sont également gelés.

«C'est un acte de prudence de notre part», a indiqué un responsable du département d'Etat, expliquant que les Etats-Unis n'ont pas la certitude que le réseau de A.Q. Khan ait complètement cessé de fonctionner.

«Nous voulons éviter tout vide juridique» qui puisse profiter au réseau», a ajouté ce responsable ayant requis l'anonymat. «Nous pensons qu'il a été démantelé mais nous n'en avons pas la certitude absolue».

Cette mesure est aussi destinée à encourager les autres pays à suivre l'exemple des Etats-Unis. «Nous espérons que cela va encourager d'autres pays à examiner leurs sanctions et voir s'ils ne peuvent pas les renforcer», a-t-il ajouté.