George W. Bush a admis des erreurs lundi lors d'une dernière conférence de presse, mais a défendu ardemment son action quand il s'est agi des aspects les plus susceptibles de définir l'image qu'il laisserait dans l'Histoire, comme l'Irak, l'économie ou Katrina.

À huit jours de la passation de pouvoirs avec Barack Obama, M. Bush a dressé l'inventaire peut-être le plus détaillé à ce jour des «erreurs» et des «déceptions» du 43e président des États-Unis.

Mais, lors d'un dernier tour d'horizon plutôt plus chaleureux que les autres avec la presse, M. Bush s'est particulièrement animé pour s'inscrire en faux contre l'idée que l'image des États-Unis s'était sévèrement détériorée. Il a dit que la situation en Irak, où la guerre civile menaçait, avait changé grâce à sa décision d'envoyer des renforts. Quant à l'économie, alors que les États-Unis risquent l'une des récessions les plus graves depuis les années 30, son gouvernement a pris des «mesures extraordinaires».

«Il y a plein de critiques dans ce milieu. Je le comprends. Et je vous remercie de me donner la chance de défendre un bilan que je vais continuer à défendre parce que je crois que c'est un bon bilan et un bilan fort».

«Ecoutez, j'ai dit souvent que c'est l'Histoire qui se retournera sur le passé et déterminera ce qu'on aurait pu mieux faire ou, vous savez, quelles erreurs j'ai faites», a dit l'un des présidents les plus impopulaires de l'histoire des États-Unis.

Apparaître en 2003 sur le pont d'un porte-avions devant une bannière proclamant «Mission accomplie», alors que les Américains allaient au devant du plus dur en Irak, a «clairement» été une erreur, a-t-il admis.

Sa rhétorique, décriée par ses détracteurs comme celle d'un cow-boy face aux extrémistes, en a été une autre, a-t-il concédé.

Il a évoqué sa décision d'entreprendre une réforme de la sécurité sociale à un moment inopportun.

Il a parlé de ses «déceptions». Le scandale des abus pratiqués par des Américains dans la prison irakienne d'Abou Ghraib en a été une «énorme». Ne pas trouver d'armes de destruction massive alors que l'argument fondait l'invasion en a été une autre «significative».

«Je ne sais pas si vous voulez appeler ça des erreurs ou pas, mais ce sont des choses qui, disons, ne se sont pas passées comme prévu».

Mais «je ne ne suis absolument pas d'accord avec l'affirmation selon laquelle nos positions se sont détériorées quand il s'agit de morale», a-t-il dit alors que l'équipe Obama a fait de la restauration de l'image des États-Unis dans le monde l'un de ses objectifs.

C'est peut-être l'idée de «certains parmi l'élite», mais les gens continuent à croire que l'Amérique «symbolise la liberté», a-t-il assuré avec vivacité.

Revenant sur la querelle suscitée avec de grands alliés par la décision de faire la guerre en Irak, M. Bush a affirmé que c'était le fait de «quelques pays seulement».

Il a accusé les mêmes pays qui critiquent Guantanamo de refuser leur aide pour reprendre certains prisonniers détenus dans ce camp. De manière générale, il a défendu les pratiques très controversées de son combat antiterroriste: «En ce qui concerne les décisions que j'ai prises pour protéger la patrie, je ne me préoccupe pas de popularité».

Il a justifié ses positions contestées face au réchauffement climatique.

La faillite de l'État fédéral face à l'ouragan Katrina reste l'un des traits marquants de sa présidence. L'administration a reconnu cette défaillance. Mais «ne me dites pas que la réaction fédérale a été lente quand on a évacué 30.000 personnes des toits juste après le passage de la tempête», a-t-il relevé.

M. Bush a jugé «pathétique» de «s'apitoyer sur soi-même». «Je n'ai jamais perdu beaucoup de temps, franchement, à me soucier de ceux qui parlent fort».

A plusieurs reprises, il a souhaité «ce qu'il y a de meilleur» à M. Obama. Mais il l'a prévenu que lui aussi allait au-devant de critiques et de déceptions, de la part même de «ceux qui se disent vos amis».