Depuis 1964, l'Ohio a toujours voté en faveur de l'homme qui a remporté la Maison-Blanche. Hier soir n'a pas fait exception. L'État baromètre par excellence a voté en faveur de Barack Obama.

Lorsqu'à 21 h 30, la chaîne de télévision Fox a annoncé que le très convoité État du Midwest avait accordé ses 20 grands électeurs au candidat démocrate, la nouvelle est tombée comme une tonne de briques sur la tête des républicains rassemblés dans un hôtel de la capitale, Columbus.

La soirée était encore jeune, la victoire de Barack Obama n'était pas encore officielle, mais à Columbus, les espoirs des républicains ont fondu comme neige au soleil. « Aucun républicain n'a jamais remporté la Maison-Blanche sans d'abord décrocher l'Ohio. C'est fini », soupirait Patrick Flanigan.

Sur les murs, de grandes bannières « Victoires en Ohio » semblaient narguer les républicains, qui avaient le coeur au mea-culpa. Plusieurs lisaient dans la déconfiture de l'Ohio, un État acquis aux républicains en 2000 et en 2004, un urgent besoin de réformes dans leurs rangs. « Nous devons redevenir le parti de Roosevelt, un parti modéré et mettre de côté les gens qui sont trop à droite », a dit à La Presse Elvis Oxley.

Cette résignation généralisée n'a pas empêché plusieurs partisans de verser une larme quand le discours de John McCain a été diffusé à 23 h 15.

Pendant que les républicains broyaient du noir, les démocrates, eux, étaient en liesse dans un hôtel voisin du centre-ville de Columbus. Ils célébraient la victoire, mais aussi la fin d'une campagne sans précédent en Ohio.

Une campagne féroce

Ayant en tête la défaite de John Kerry en 2004, avec à peine un écart de 100 000 voix en Ohio, le clan démocrate a mis les bouchées doubles pour remporter cet État-clé. Barack Obama y a dépensé plus de 2,9 millions $.

Hier, pendant le scrutin, les partisans d'Obama semblaient occuper toute la place qu'ils pouvaient, distribuant des pamphlets devant la plupart des bureaux de scrutin.

La présence des supporters d'Obama était particulièrement visible sur le campus de l'Ohio State University. À une heure de la fermeture des bureaux de vote hier, une centaine d'étudiants ratissaient encore les résidences universitaires, incitant les retardataires à aller voter. « Ça fait trois mois que nous travaillons tous les jours. On ne va pas lâcher à la dernière minute », a dit à La Presse Bethlehem Mengstu, une étudiante africaine-américaine.

Contestation judiciaire

Si les républicains ont concédé la victoire, ils refusaient de baisser les bras. Ils ont déposé hier après-midi une contestation judiciaire, visant le décompte de certains votes provisoires.