La Floride, avec ses nombreux électeurs d'origine cubaine et ses retraités, semblait garantir la victoire au républicain John McCain lors de la présidentielle du 4 novembre, mais la crise financière a renversé la donne en faveur du démocrate Barack Obama.

A deux semaines de l'élection, les deux candidats sont au coude-à-coude. Le site spécialisé indépendant RealClearPolitics (RCP), qui calcule une moyenne des sondages, donne un avantage de deux points seulement à Obama, selon la moyenne des enquêtes publiées entre le 11 et le 20 octobre.

Une situation diamétralement opposée à celle qui prévalait au début de l'année lorsque John McCain, 72 ans, disposait d'un large appui dans cet Etat du sud-est des Etats-Unis, alors que Barack Obama, 47 ans, était en retrait par rapport à sa rivale d'alors, Hillary Clinton.

Le républicain, ancien combattant détenu dans les geôles vietnamiennes, peut compter sur les militaires, nombreux dans cet Etat aux multiples bases. Mais l'économie, terrain de prédilection des démocrates, a pris le dessus dans les préoccupations des électeurs.

La Floride est l'Etat qui a connu la plus importante augmentation des saisies immobilières au premier semestre et le chômage y est passé en août au-dessus de la moyenne nationale, à 6,8%.

Les retraités, qui en janvier soutenaient sans sourciller le sénateur républicain de l'Arizona, ont été ébranlés par la crise financière, à l'origine d'une saignée de leurs fonds de pension. Et ils se lassent des milliards engloutis dans la lutte anti-terroriste de l'administration Bush.

Mikkie Belvedere, 71 ans, installée dans la station balnéaire de Coconut Creek, sur la côte sud-est, est décidée à voter pour Barack Obama. «Il faut arrêter cette hémorragie», dit-elle faisant référence aux victimes des combats en Irak et en Afghanistan et aux milliards de dollars dépensés par Washington pour mener ces guerres.

Les plus de 65 ans représentent près de 20% de la population de l'Etat qui compte 18 millions d'habitants, dont 20% d'hispaniques.

Selon un rapport officiel, de nombreux hispaniques se sont inscrits en tant que démocrates sur les listes électorales.

«D'un côté, j'apprécie l'approche de McCain sur les questions de sécurité, mais je crois qu'Obama est plus en harmonie avec le commun des mortels, avec la classe moyenne et comprend mieux les problèmes économiques», explique Valentino Diaz, un habitant de Miami âgé de 45 ans.

Les Américains d'origine cubaine sont eux aussi de plus en plus enclins à voter démocrate après avoir adopté une ligne conservatrice et ultra-catholique consécutive à leur fuite du régime castriste. Ils réclament un changement de politique vis-à-vis de l'île communiste, ce qu'à promis le candidat démocrate.

Un grand nombre de nouveaux électeurs se sont enregistrés sur les listes électorales au cours des derniers mois en tant que démocrates, tandis que de nombreux électeurs indépendants ont récemment déclaré soutenir le changement prôné par Barack Obama, selon des analystes.

Les électeurs ont commencé à se rendre en masse vers les urnes dès lundi, l'Etat autorisant à voter par anticipation deux semaines avant la date officielle du scrutin.

Les républicains ont remporté l'élection présidentielle de 2004 en Floride et la dernière victoire des démocrates remonte à 1996 lors de la réélection de Bill Clinton. La Floride a apporté la victoire à George W. Bush en 2000 au terme d'un décompte très contesté qui avait donné 500 voix d'avance au républicain dans l'Etat, alors qu'il avait 500.000 voix de moins dans l'ensemble du pays.

La Floride fait partie des «swing states», ces Etats pouvant faire basculer le résultat de l'élection, avec 27 grands électeurs, soit 10% des 270 requis pour conquérir la Maison Blanche.

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