Les autorités françaises ont donné le coup d'envoi vendredi à une semaine de recherches au large de l'île de La Réunion dans l'espoir de retrouver de nouveaux débris de l'avion du vol MH370 et de faire avancer l'enquête sur sa disparition énigmatique en mars 2014.

Un appareil militaire a décollé en milieu de journée de la base militaire aérienne de Sainte-Marie (nord de La Réunion) pour «effectuer des recherches autour des côtes réunionnaises», a déclaré à l'AFP le commandant Aline Simon.

Des hélicoptères, une vedette et des moyens terrestres de la gendarmerie et de la police vont en outre être mobilisés, a précisé le préfet (le représentant de l'État français) à la Réunion, Dominique Sorain.

«Ce programme va se développer dans les jours qui viennent et pendant une semaine de façon à ce qu'on puisse à cette échéance tirer les premières conclusions des patrouilles qui seront réalisées», a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse.

Pendant les recherches effectuées ces derniers jours sur les côtes, «des objets ont été trouvés, dont nous ne savons pas si ce sont des morceaux d'avion ou pas», a-t-il ajouté, évoquant notamment «des objets de la taille d'un doigt, placés sous scellés pour expertise».

Les autorités françaises avaient annoncé jeudi soir le déploiement de moyens supplémentaires afin de «détecter la présence éventuelle de nouveaux débris», après l'identification quasi-certaine d'un fragment d'aile - appelé flaperon - appartenant au Boeing 777 du vol MH370 de la Malaysia Airlines, disparu le 8 mars 2014 avec 239 personnes à son bord.

La météo a compliqué le déclenchement de l'opération vendredi matin, car il pleuvait sur le nord et l'est de l'île. Une vedette de la gendarmerie est sortie en mer pour retrouver d'éventuels objets flottants mais «a été obligée de rentrer compte tenu des mauvaises conditions sur la zone côtière», a indiqué le préfet.

Non loin de là, les autorités de l'île Maurice ont de leur côté poursuivi les recherches qu'elles avaient entamées lundi à la demande de la Malaisie. Un avion utilisé par la police a fait deux sorties jeudi. Une troisième sortie a été effectuée par un avion Defender auquel on recourt pour les recherches en mer, a indiqué vendredi une porte-parole de la police mauricienne. Des recherches étaient parallèlement réalisées en mer au nord de l'île.

Immense périmètre

Le périmètre potentiel des recherches est immense. Si les premières analyses du flaperon retrouvé la semaine dernière à La Réunion ont permis aux enquêteurs français d'identifier avec quasi-certitude son appartenance au Boeing du vol MH370, sa provenance géographique reste incertaine.

Les recherches françaises devraient notamment se concentrer autour du Courant Equatorial Sud (SEC). Ce courant chaud circule entre l'Australie - où les recherches de l'avion se sont concentrées - et l'Indonésie en direction de Madagascar. Selon plusieurs experts océanographes, il a charrié le flaperon jusqu'à La Réunion.

Le Casa, avion cargo tactique militaire, est notamment réputé pour sa grande autonomie en vol, qui permet de couvrir une surface importante.

Ces recherches doivent permettre d'apporter de nouveaux éléments aux enquêteurs.

Pour de nombreux experts en aéronautique, le flaperon a certes permis de formellement confirmer que l'avion du vol MH370 s'est abîmé en mer, mais il est peu probable que les expertises toujours en cours sur cette seule pièce -ou sur les morceaux d'une valise retrouvée au même endroit- permettent d'expliquer les causes de l'accident, ni pourquoi le Boeing a bifurqué de son plan de vol.

Il faut donc d'autres pièces et, dans l'idéal, les enregistreurs de vol, les fameuses boîtes noires.

Apaiser les familles

Ces recherches visent également à apaiser les familles qui ne cachent pas leur défiance vis-à-vis des autorités malaisiennes ou australiennes.

«Ce n'est pas un débris, mais des centaines de débris qu'on doit retrouver. Un seul débris au bout de seize mois, c'est extrêmement louche», a déclaré jeudi sur I-Télé Ghyslain Wattrelos, père et époux de trois des quatre victimes françaises.

«L'Australie dit que cette découverte confirme la zone de crash, mais ça ne confirme rien du tout. Je ne crois pas, depuis le début, que l'avion est tombé là où on nous l'a dit», a-t-il martelé.

Des proches des 153 disparus chinois ont quant eux demandé vendredi à la compagnie Malaysia Airlines de financer leur déplacement à La Réunion.

«Nous voulons voir en personne quelle est la véritable situation», a expliqué Lu Zhanzhong, père d'un des passagers: «Je veux aller voir si la valise de mon fils ne s'est pas échouée là-bas».