Les thérapies à base de sang et les sérums peuvent être utilisés dès «maintenant» dans les pays affectés par l'épidémie d'Ebola, tandis que la sécurité sanitaire des deux premiers vaccins sera connue en novembre après des tests, notamment au Mali, a annoncé vendredi l'OMS.

«Nous sommes parvenus à un consensus», a déclaré aux médias Marie-Paule Kieny, assistante au directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'issue d'une réunion de deux jours à Genève avec près de 200 experts.

«Nous avons convenu que les traitements à base de sang et les sérums de convalescence peuvent être utilisés» pour traiter Ebola, a-t-elle dit.

«Cela peut être fait dès maintenant dans les pays affectés», a-t-elle précisé.

En outre, «deux vaccins prometteurs ont été identifiés et des études sur leur sécurité sont en cours» ou vont bientôt démarrer aux États-Unis et en Europe, a-t-elle ajouté.

Elle a précisé que la sécurité des vaccins serait connue en novembre et qu'ils seraient «disponibles peu après».

«Les travailleurs de la santé seront les premiers à recevoir les vaccins, une fois que les études de sécurité seront finalisées», a-t-elle averti.

Pour sa part, Samba Sow, directeur du Centre pour les Vaccins en Développement au Mali, a expliqué que son pays «n'étant pas affecté par Ebola mais étant proche des pays affectés (...) a été sélectionné pour tester un des vaccins».

«Les groupes à risque seront ciblés» pour tester ce vaccin, a-t-il dit, expliquant que «les premiers (à le recevoir) seront les travailleurs de la santé».

L'OMS a également précisé que les tests de sécurité de l'ensemble de ces traitements et vaccins se feraient sur la base du volontariat.

Plus de 20 000 personnes sont menacées par l'actuelle épidémie d'Ebola d'après l'OMS qui ne pense pas pouvoir y mettre fin avant au mieux six à neuf mois.

La fièvre hémorragique Ebola a tué 2097 personnes dans les trois principaux pays africains touchés (Guinée, Sierra Leone, Liberia) , sur 3944 cas, selon un bilan arrêté au 5 septembre et publié vendredi par l'OMS.

Les prochaines semaines «cruciales»

L'ONU se donne «six à neuf mois» pour endiguer l'épidémie dans les pays affectés, a confirmé le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à New York, à l'issue d'une rencontre avec de hauts responsables du dossier, comme la directrice générale de l'OMS Margaret Chan et le coordinateur de l'ONU pour Ebola David Nabarro.

L'épidémie est «beaucoup plus rapide que la réponse» et «les prochaines semaines seront cruciales», a déclaré M. Ban qui a exhorté les pays membres de l'ONU à «fournir les 600 millions de dollars nécessaires» pour soutenir les pays  les plus touchés.

«Nous avons besoin de contributions en personnel, matériel et financement de la part des gouvernements, du secteur privé, des institutions financières et des ONG», a-t-il affirmé. Il a réclamé «une augmentation massive de l'aide» en personnel médical et équipements pour les pays les plus touchés.

Annonçant la création d'un «centre de crise pour Ebola», M. Ban a précisé: «l'objectif est de stopper la transmission d'Ebola dans les pays touchés dans un délai de six à neuf mois et d'éviter que le virus ne se répande dans le monde».

«Cela ne peut se faire que si les pays touchés et la communauté internationale se mobilisent d'urgence», a-t-il martelé.

L'Europe a annoncé vendredi une forte hausse de son aide, avec 140 millions d'euros débloqués.

La «situation se détériore sans cesse» sur le terrain, «nous devons unir nos efforts et fournir suffisamment de moyens de transport aérien et de matériel médical à nos partenaires», a souligné Kristalina Georgieva, commissaire européenne chargée de l'aide humanitaire.

La Commission européenne s'était engagée en mars à fournir une aide de 11,9 millions d'euros, dont 8 millions seront  intégrés à la nouvelle enveloppe annoncée vendredi.

Par ailleurs, un médecin américain contaminé, Rick Sacra, 51 ans, qui travaillait pour une organisation caritative à Monrovia, est arrivé vendredi au centre médical du Nebraska, à Omaha, et a été placé en quarantaine.

Il est le troisième Américain infecté par Ebola en Afrique de l'Ouest. Deux autres membres du personnel médical avaient été rapatriés en août et traités avec succès avec un sérum expérimental.