Anders Behring Breivik, jugé pour la mort de 77 personnes l'an dernier en Norvège, a détaillé lundi les agressions dont il dit avoir été victime de la part de musulmans, dès sa plus tendre enfance, et qui ont conduit selon lui à sa radicalisation.

Autorisé à prendre la parole au 30e jour de son procès, Breivik a expliqué que le premier incident s'était produit dès l'âge de sept ans, quand un diplomate turc, père d'un de ses camarades, avait détruit son vélo parce qu'il avait été offensé.

Puis, l'extrémiste de droite a recensé une longue liste d'incidents dont lui ou des connaissances auraient été victimes dans sa jeunesse : gifles, rixes, tentatives de vols et trois cas de viols, même si, selon le journal Verdens Gang (VG), les jeunes filles concernées ont nié les faits auprès de la police.

« Pris séparément, tous ces épisodes ne sont pas si graves, mais leur somme a contribué à façonner mon opinion des musulmans », a déclaré l'accusé.

« Ils ont très souvent en commun le fait que des familles musulmanes aient bénéficié de la part de l'État d'appartements dans l'ouest d'Oslo », le quartier chic de la capitale norvégienne, a-t-il dit.

L'extrémiste de 33 ans a accusé les médias de taire ces incidents ou de culpabiliser les Norvégiens de souche en diffusant un message selon lequel « leur violence est le résultat de notre intolérance ».

Interrogé sur des expériences positives avec les musulmans, il a répondu par l'affirmative. « Ils sont très loyaux », a-t-il dit. « Le code de l'honneur est important pour eux : ce sont les premiers à aider s'il y a une bagarre ».

Il a aussi expliqué avoir d'abord tenté de « changer la Norvège par des moyens démocratiques », une impasse selon lui qui l'a conduit à opter dès 2006 pour une « action violente ».

Le 22 juillet 2011, Breivik a tué 77 personnes en plaçant une bombe près du siège du gouvernement norvégien le 22 juillet 2011 puis en ouvrant le feu sur des centaines de jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoya.

Ces attaques ne sont pas les premières à caractère politique en Norvège, a-t-il assuré, avant d'énumérer une longue liste d'épisodes violents probablement pour montrer que la lutte armée n'était pas nécessairement un signe de démence alors que sa santé mentale est la question centrale du procès.

« On ne peut pas comparer des événements si petits à ce qui s'est produit (le 22 juillet, NDLR), mais cela confirme qu'il y a une tradition de droite de recourir à la violence pour changer le système », a-t-il déclaré.

Breivik s'est aussi expliqué sur le rôle d'internet dans sa radicalisation. « C'est sur l'internet que je suis entré en contact avec les nationalistes militants que j'ai rencontrés », a-t-il dit. « Sur le net, on fraternise peut-être encore mieux que dans la vie réelle ».

S'il est reconnu pénalement irresponsable, Breivik risque l'internement psychiatrique, potentiellement à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.