Respect accru de la vie privée mais préservation des programmes de surveillance: la presse américaine a levé le voile sur le rapport d'étude remis vendredi à Barack Obama sur les pratiques de la NSA après les révélations d'Edward Snowden.

Ce groupe de travail avait été constitué dans la foulée des révélations de l'ancien consultant Edward Snowden sur l'ampleur de la surveillance des communications téléphoniques et internet par l'Agence nationale de sécurité (NSA).

Son rapport détaille plus de 40 recommandations que la Maison Blanche va maintenant examiner. En janvier, M. Obama prononcera un discours sur la régulation des activités de la NSA, a expliqué la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), Caitlin Hayden.

Le président américain avait promis dès le mois d'août plus de transparence tout en mettant en avant la nécessité de ces programmes.

Plusieurs journaux américains ont dévoilé dès vendredi les principales pistes envisagées et qui ne remettent pas fondamentalement en cause le fonctionnement tant décrié de la NSA.

Le New York Times rapporte ainsi qu'une des recommandations prévoit de rendre publiques de nouvelles mesures de protection de la vie privée pour les ressortissants étrangers quand leurs conversations téléphoniques ou sur internet sont surveillées.

Une partie de la population américaine s'offusque de la collecte à grande échelle des métadonnées téléphoniques (numéros appelés, durée des appels), y compris de citoyens américains, au nom de la lutte contre le terrorisme.

Le Wall Street Journal affirme de son côté que l'étude prévoit que les données provenant de la surveillance massive des métadonnées téléphoniques soient conservées par les opérateurs téléphoniques, et non par la NSA. L'agence de renseignement soutient qu'elle ne pioche dedans que pour des besoins précis et dans des circonstances codifiées dans l'immense masse de données qu'elle collecte chaque jour.

Une autre piste de réforme prévoit que la Maison Blanche supervise directement la liste des dirigeants étrangers dont les communications sont surveillées, une conséquence directe de la tempête diplomatique provoquée par la révélation que le téléphone portable de la chancelière allemande Angela Merkel avait été écouté.

La Maison Blanche s'est refusée à tout commentaire sur le contenu du rapport, mais le secrétaire d'Etat John Kerry s'est exprimé lors d'une interview qui sera diffusée dimanche.

«Ni le président ni moi-même ne croyons qu'une partie de cette collecte d'information, qui a eu lieu dans des instances très particulières et envers des personnes très haut-placées, ait été appropriée», a-t-il affirmé sur la chaîne CNN en espagnol.

«Je pense que le président s'exprimera très clairement à ce sujet dans les jours à venir», a-t-il ajouté.

Discussions avec Snowden?

Les pistes dévoilées dans la presse ne satisfont pas les associations, qui sont vent debout contre les programmes de surveillance.

«Tout ce qui ne met pas fin à la surveillance de masse, sans suspicion (préalable) des Américains n'est pas acceptable», affirme l'Union américaine de défense des libertés civiles (Aclu).

Mme Hayden a simplement confirmé que la Maison Blanche avait finalement décidé de ne pas scinder la direction de la NSA de la défense du cyberespace au sein du Cyber Command. Ces deux entités sont actuellement dirigées par le général Keith Alexander, qui doit partir à la retraite au printemps prochain.

«Cette double casquette est l'approche la plus efficace pour accomplir les missions des deux agences», affirme la porte-parole dans un communiqué.

L'hypothèse d'une division des rôles entre la NSA et le Cyber Command avait provoqué de vives résistances, notamment au sein du Pentagone, qui mettait en avant les économies que permet cette double casquette.

Tandis que la mission de la NSA est d'espionner les communications, qui passent de plus en plus par internet, celle du Cyber Command, créé en 2009, est de protéger les réseaux militaires des attaques informatiques et de mener lui-même ce type d'attaques.

Sans la double casquette de son directeur, il faudrait créer de nouvelles procédures et des moyens propres à chaque organisation qui seraient redondants, selon Mme Hayden.

Dans un entretien à l'émission 60 minutes de CBS, le responsable de la NSA chargé d'évaluer les dégâts provoqués par les révélations de Snowden a affirmé «d'un point de vue personnel» être favorable sous conditions à des discussions avec Snowden.

En jeu, une éventuelle clémence contre le retour dans les mains de la NSA des documents non encore publiés dans la presse, une hypothèse à laquelle le général Alexander s'oppose.