La commission publique mise en place par Israël pour examiner les aspects juridiques de l'interception sanglante d'une flottille humanitaire en route pour Gaza le 31 mai s'est réunie lundi pour la première fois au complet à Jérusalem, a indiqué son porte-parole.

La séance devait être consacrée au calendrier et aux affaires de procédure, a précisé Ofer Lefler.

Cette «commission publique indépendante», composée de cinq membres dont deux observateurs étrangers, est présidée par un juge à la retraite de la Cour Suprême, Yaakov Tirkel.

Les deux participants internationaux, qui n'ont pas le droit de vote, sont Lord Trimble, ex-premier ministre protestant d'Irlande du Nord, et Ken Watkin, un ex-avocat général de l'armée canadienne.

Le mandat de cette commission, dont Israël a accepté la création sous pression des États-Unis, est limité.

Elle devra déterminer la validité, au regard du droit international, du blocus maritime imposé par Israël à Gaza, et du raid contre la flottille d'aide pro-palestinienne dans les eaux internationales, ainsi que les actes des participants et des organisateurs de l'expédition maritime.

Neuf passagers turcs ont été tués dans l'assaut israélien de l'un des bateaux de la flottille qui cherchait à violer le blocus israélien imposé à Gaza depuis quatre ans.

Pressé par la communauté internationale de desserrer l'étau sur Gaza après cet assaut, Israël a annoncé le 20 juin la levée de l'embargo terrestre sur les marchandises «à usage civil», tout en maintenant son blocus maritime pour empêcher l'importation de matériel de guerre dans l'enclave palestinienne.

En outre, le président Tirkel peut décider d'exclure les observateurs étrangers de la communication de certains documents ou informations s'il «estime que leur divulgation nuirait très probablement à la sécurité nationale ou aux relations diplomatiques» d'Israël.

La commission va interroger le premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Ehud Barak ainsi que les cinq autres membres membres du «Forum des sept ministres», regroupant les principaux membres du gouvernement, qui a donné son feu vert à l'abordage.

Parmi les militaires, seul le chef d'état-major, le général Gaby Ashkenazi, pourra comparaître.

Concernant les détails opérationnels de l'arraisonnement, la commission devra se contenter d'un rapport interne que l'armée doit présenter avant le 4 juillet.

La commission tiendra des audiences publiques ou à huis clos, sauf si une audience publique se révélait susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale ou aux relations diplomatiques d'Israël.

Aucune information obtenue lors de témoignages devant la commission ne sera utilisable dans le cadre d'une procédure judiciaire. La radio militaire a ainsi souligné que la commission n'avait pas le pouvoir de «faire tomber des têtes».

La Turquie, les Palestiniens ainsi que l'ONU ont critiqué cette commission en exigeant la constitution d'une commission internationale indépendante, ce qu'Israël a refusé.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait réclamé «une enquête impartiale, crédible et transparente conforme aux critères internationaux».

Pour la plupart des commentateurs israéliens, la commission israélienne est destinée à justifier a posteriori le «fiasco» en haute mer.