Un haut responsable du renseignement israélien est à Ottawa pour solliciter l'appui du Canada dans le dossier iranien, alors que son pays accuse l'Iran d'avoir conçu un programme nucléaire avant de signer une entente avec les puissances occidentales il y a trois ans.

Chagai Tzuriel, directeur général du ministère du Renseignement israélien, devait aussi discuter avec le gouvernement canadien du rôle de l'Iran en Syrie, des relations avec la Russie et de populisme.

M. Tzuriel devait rencontrer des représentants d'Affaires mondiales Canada et du bureau du Conseil privé, mardi. Il s'était entretenu avec des responsables du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) lundi.

Certaines de ses conclusions vont à contre-courant des positions du Canada: il croit que la coopération avec la Russie est essentielle et que l'approche musclée du président Donald Trump en matière de politique étrangère pourrait freiner les ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord.

La visite de M. Tzuriel à Ottawa devait aussi porter sur les efforts du gouvernement fédéral pour mieux détecter des tendances populistes - un enjeu qui influence profondément le travail des services secrets partout dans le monde, a-t-il indiqué en entrevue.

Mais sa visite tombe à point nommé, au lendemain d'une conférence de presse télévisée du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Sur une scène, le premier ministre a présenté des documents iraniens obtenus par le service de renseignement israélien, le Mossad. M. Nétanyahou a affirmé que ces documents prouvaient que l'Iran tentait de se doter d'armes nucléaires avant de signer l'entente de 2015.

Bien qu'il n'y ait aucune preuve directe dans la présentation de M. Nétanyahou selon laquelle l'Iran aurait violé l'entente après l'avoir signée, cela donnera peut-être une raison supplémentaire au président américain de déchirer l'accord alors que la date limite du 12 mai qu'il s'est fixée arrive à grands pas.

Une entente «inefficace», selon Israël

«J'espère certainement que je pourrai convaincre quiconque dans la communauté internationale - surtout l'Occident, surtout le Canada, que nous voyons comme un ami - de nous appuyer de toutes les façons possibles sur cet enjeu», a déclaré M. Tzuriel en entrevue.

Le Canada ne fait pas partie du club appelé le «P5+1» - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l'Allemagne - qui ont négocié l'accord avec l'Iran pour freiner et surveiller son programme nucléaire.

Ceci dit, M. Tzuriel croit qu'Israël a intérêt à solliciter l'appui des pays occidentaux pour annuler ou revoir l'entente, que son gouvernement juge imparfaite et inefficace.

Le représentant israélien estime que l'influence «malveillante» de l'Iran va au-delà de l'enjeu nucléaire. L'Iran a envoyé des milliers de combattants pour appuyer le président syrien Bachar El-Assad, qu'Israël perçoit comme une menace.

Des tirs de missiles ont tué des combattants iraniens en Syrie, dimanche, et bien qu'il n'y ait aucune confirmation officielle, Israël est soupçonné d'avoir mené l'attaque.

M. Tzuriel n'a pas voulu confirmer cette hypothèse, mais il a souligné qu'Israël «n'accepterait pas que l'Iran s'installe militairement en Syrie» - une «ligne rouge» à ne pas franchir pour le gouvernement israélien.