Après une semaine d'attaques incessantes, les démocrates Hillary Clinton et Bernie Sanders se retrouvent jeudi soir à New York pour un débat qui promet d'être tendu, cinq jours avant les élections primaires présidentielles de l'État, particulièrement importantes.

«Je pense que ce sera animé», a commenté Mme Clinton, qui a une avance d'au moins dix points sur M. Sanders dans les sondages, et veut une large victoire dans son État d'adoption dont elle était sénatrice de 2001 à 2009.

Mais M. Sanders, qui est né et a grandi à Brooklyn, où aura lieu le débat à 21 h, veut croire à son élan, porté par sept victoires consécutives aux primaires dans autant d'États depuis le 22 mars.

«Quand je vois les milliers de personnes ici ce soir, je pense que nous avons une surprise pour l'establishment», a déclaré mercredi soir le sénateur du Vermont devant des partisans enthousiastes dans un parc du sud de Manhattan.

Avant son discours, un intervenant a affirmé à la tribune que les Américains devaient cesser d'élire des «putains démocrates liées aux entreprises» et élire plutôt des «Bernie-crates».

Paul Song, un médecin, s'est rapidement excusé de ses propos, précisant sur Twitter qu'il visait «certains (élus) du Congrès». La campagne Clinton a exigé que Bernie Sanders les désavoue. Ce qu'il a fait jeudi, condamnant des déclarations «inappropriées et irrespectueuses». «Il n'y a pas de place pour un tel langage dans notre discours politique», a ajouté Bernie Sanders sur Twitter.

L'enjeu des primaires à New York est de taille: 291 délégués démocrates sont en jeu, le plus gros butin du processus électoral derrière la Californie. Mme Clinton, 68 ans, espère l'emporter largement pour creuser définitivement l'écart avec M. Sanders, 74 ans, et voguer sans souci vers l'investiture de son parti pour la présidentielle de novembre, dont elle reste la grande favorite.

Elle a à ce jour engrangé plus de 1700 délégués, contre un peu plus de 1100 pour M. Sanders. Il en faut 2383 pour devenir le candidat du parti et affronter le candidat républicain.

Et à l'approche des primaires de New York, le ton s'est nettement tendu entre les deux démocrates.

Bernie Sanders, le démocrate-socialiste qui attire des foules enthousiastes, souvent jeunes, avec ses promesses de révolution politique, a multiplié les attaques personnelles contre Mme Clinton. Il a même mis en doute sa qualification pour être présidente, modérant ensuite ses propos pour affirmer qu'elle «manquait clairement de jugement».

Dans la ville monde aux inégalités vertigineuses, et dans le nord plus déshérité de l'État, il l'a attaquée sans relâche sur ses liens avec Wall Street, martelant qu'elle ne pouvait pas «être un agent du changement».

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Bernie Sanders a ressemblé une importante foule, mercredi, au parc Washington Square dans le Greenwich Village à New York. Au moins 27 000 personnes sont venues entendre le prétendant à l'investiture démocrate, selon les organisateurs. 

«Maigre bilan»

Il a aussi dénoncé ses liens avec l'industrie pétrolière ou son soutien au gaz de schiste quand elle était secrétaire d'État.

Hillary Clinton a souligné de son côté que «sous les fortes lumières de New York», M. Sanders avait «du mal à répondre aux  questions» sur sa politique étrangère et sur son objectif, répété réunion après réunion, de démanteler les grosses banques.

«Quand quelqu'un vous demande de voter pour lui, il doit vous dire ce qu'il va faire, et non pas ce qu'il espère faire», a-t-elle répété mercredi à Harlem, au siège de l'association National Action Network d'Al Sharpton, incontournable figure d'une communauté noire très favorable à Hillary Clinton.

Elle a aussi attaqué ces derniers jours Bernie Sanders sur le fait qu'il s'était dit contre les poursuites contre les fabricants d'armes.

Et dans un autre thème qui pourrait être abordé au débat, Mme Clinton a critiqué son «maigre bilan» auprès des hispaniques et des immigrants, autre électorat très disputé.

Pour l'ancienne Première dame, Bill Clinton, très populaire à New York, a fait campagne sans relâche dans l'Etat, toujours en parallèle de son épouse. Le couple ne fait jamais campagne ensemble.

Mais Hillary Clinton a déjà les yeux rivés sur la prochaine bataille, celle de la présidentielle de novembre.

À Harlem, ses critiques les plus virulentes visaient les républicains Donald Trump, qui devrait emporter facilement la primaire républicaine de New York, et Ted Cruz, vivement décrié pour avoir attaqué les «valeurs de New York».

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Hillary Clinton faisait quant à elle campagne dans le Bronx le 13 avril.