Le groupe Nevada Hispanics dispose d'un budget de 700 000 $ pour convaincre les Latino-Américains du Nevada, État-clé pour la présidentielle, que Romney est le meilleur choix. Un travail ardu, rapporte notre correspondant.

Les affiches Obama-Biden sont placardées un peu partout à Las Vegas: dans la vitrine de certains commerces, sur les balcons des immeubles, sur le pare-chocs des voitures qui font la queue sur le Las Vegas Boulevard.

Les affiches Romney-Ryan sont beaucoup moins nombreuses. Et Cecilia Aldana veut que ça change.

«Les démocrates ont l'avantage à Las Vegas, notamment à cause du vote latino-américain qu'ils tiennent pour acquis, dit-elle en entrevue avec La Presse. Nous voulons montrer aux hispanophones qu'ils n'ont rien à gagner à appuyer Obama.»

Ce ne sont pas des paroles en l'air: en tant que présidente du groupe Nevada Hispanics, Mme Aldana dispose d'un budget de 700 000$ pour «éduquer» les électeurs latino-américains sur la question de la dette publique et de l'attitude «anti-entreprises» de Barack Obama.

«Nous ne disons pas aux électeurs pour qui voter. Nous voulons que les gens voient la réalité en face, voilà tout.»

À 53 ans, Cecilia Aldana est une mère de famille fonceuse qui prend plaisir à donner ses opinions de façon tranchée. Née au Pérou, elle est arrivée aux États-Unis dans les années 80 et habite Las Vegas depuis 1998.

Mme Aldana dit passer 50 heures par semaine à diriger son entreprise, Practice Management Solutions, qui s'occupe de la facturation pour un centre médical. Elle travaille 20 heures supplémentaires à gérer la douzaine d'employés de Nevada Hispanics qui téléphonent aux électeurs hispanophones, font du porte-à-porte et rencontrent les gens à la sortie des supermarchés populaires auprès des Latino-Américains.

Mme Aldana dit avoir été particulièrement touchée par la crise économique. «J'ai dû tout vendre. J'ai liquidé ma caisse de retraite. J'ai vendu une propriété en Amérique du Sud. Je faisais rouler mon entreprise avec de l'argent comptant. J'ai fait ce qu'il fallait pour survivre.»

Le budget de Nevada Hispanics est fourni par l'organisation conservatrice American Principles in Action, établie à Washington.

Mme Aldana a beau répéter qu'elle ne travaille pas pour les républicains, elle s'emporte quand on lui fait remarquer que la dette a moins augmenté sous Obama que sous Bush.

«Ce n'est que de la propagande des démocrates ! Obama est en train de détruire notre pays. À Chicago, il était un organisateur communautaire. Comme Hugo Chavez ! Romney a passé 25 ans dans le secteur privé. Tout ce qu'il a fait a été couronné de succès.»

En 2008, Barack Obama avait remporté le vote au Nevada avec 12% d'avance. Une victoire qu'il doit surtout à sa popularité dans la région de Las Vegas, où il avait obtenu 58% du vote, contre 40% pour John McCain.

Au Nevada, on compte 270 000 Latino-Américains en âge de voter, soit 15 % de l'électorat. Sur le plan national, les sondages montrent qu'Obama a une avance considérable: 70 % des hispanophones comptent voter pour lui, contre 30 % pour Romney. Les Latino-Américains sont particulièrement heureux qu'Obama ait proposé un programme pour permettre aux jeunes sans-papiers de travailler légalement aux États-Unis.

Selon Vicenta Montoya, avocate à Las Vegas et militante de longue date pour le Parti démocrate, le groupe de Mme Aldana évoque les tactiques d'une ère révolue.

«Avant, les républicains hispanophones débarquaient ici quelques semaines avant l'élection et distribuaient des dépliants, dit-elle en entrevue avec La Presse. Les Latino-Américains sont sceptiques quand ils voient ces démarches.»

Selon elle, le Parti démocrate est populaire auprès des Latino-Américains car il se bat pour eux.

«Beaucoup de militants hispanophones très actifs ont de 18 à 24 ans. Ils ont de l'énergie et font un travail sur le terrain remarquable et très efficace. C'est ça qui va faire la différence le 6 novembre.»