Barack Obama verrait-il la lumière au bout du tunnel? Le président démocrate a pris une nette avance dans les sondages face à son rival républicain Mitt Romney, alors que tous deux arpentaient mercredi l'Ohio, État clé pour l'élection du 6 novembre.

Les sondages nationaux publiés depuis une semaine sont unanimement favorables au président: selon la moyenne calculée par le site de référence RealClearPolitics, Barack Obama a engrangé une avance de 3,7 points sur Mitt Romney, un écart supérieur à la marge d'erreur.

Pire pour le candidat républicain, à cinq semaines et six jours du scrutin présidentiel, il ne serait choisi que par 43% des électeurs de l'Ohio contre 53% pour le président sortant, selon une enquête réalisée par le New York Times, CBS et l'Université Quinnipiac. Le sondage corrobore celui du Washington Post publié mardi, qui donnait un avantage de huit points au démocrate dans l'Ohio.

Le calendrier des deux hommes illustre à lui seul l'importance de cet État, qui donne souvent le «La» de la présidentielle américaine. Mitt Romney y a entrepris une tournée en car de deux jours, mardi et mercredi, sa quatrième visite depuis la convention républicaine, fin août à Tampa, en Floride.

Barack Obama y tient quant à lui deux réunions mercredi, sa deuxième visite en deux semaines.

«Nous allons gagner l'Ohio», a toutefois lancé Mitt Romney mercredi à Westerville, lors d'un discours devant 2000 personnes. «De toute mon énergie, quand je serai président des États-Unis (...) je rendrai l'Amérique plus forte», a promis le candidat.

«Mauvaise semaine médiatique»

Le républicain semble subir les retombées d'une vidéo volée publiée sur le site du magazine de gauche Mother Jones, dans laquelle on le voit parler de la mentalité de «victimes» de 47% des Américains ne payant pas d'impôts sur le revenu, selon lui acquis à son adversaire.

«Mon coeur saigne pour les gens que j'ai vus», a assuré M. Romney pour souligner son empathie avec les électeurs en difficulté financière. «Les temps sont difficiles, même pour les familles où les gens travaillent. Je sais comment faire repartir l'économie», a encore insisté l'ancien homme d'affaires.

«M. Romney a passé une mauvaise semaine médiatique, et ça se voit dans les États clés», analyse Peter Brown, directeur adjoint de l'institut de sondage de l'Université Quinnipiac.

Les débats présidentiels télévisés, dont le premier a lieu le 3 octobre à Denver, au Colorado, «pourraient être la meilleure occasion pour Romney de retourner la tendance en sa faveur», estime-t-il.

Le président américain est élu par des grands électeurs désignés État par État, un mode de scrutin indirect qui donne une importance démesurée à un club d'une douzaine d'États comme l'Ohio, où les candidats consacrent la quasi-totalité de leurs déplacements et budgets publicitaires.

La Floride, le plus gros lot de ces États clés avec 29 grands électeurs, penche désormais clairement du côté de Barack Obama, selon les sondages du New York Times (53% des intentions de vote) et du Washington Post (51%). Il l'avait remporté en 2008. C'est aussi l'Etat qui avait départagé, à 537 voix près, George W. Bush d'Al Gore en 2000.

«Les sondages publics sont ce qu'ils sont. Mais je sais où nous en sommes vraiment», a contre-attaqué le directeur politique de la campagne de Mitt Romney, Rich Beeson, mardi, en soulignant qu'il disposait de sondages privés. «Au final, l'Ohio se jouera sur le fil du rasoir», a persisté le conseiller.

Aucun républicain n'a conquis la Maison-Blanche sans remporter l'Ohio.

Photo: AFP