Les 46 citoyens turcs retenus depuis juin en otage par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Irak ont retrouvé samedi la liberté au terme, selon le président Recep Tayyip Erdogan, d'une «opération de sauvetage» aux contours encore très flous.

Au terme de plus de trois mois de captivité, leur libération et leur retour sains et saufs sur le sol turc ont été annoncés au petit matin par une courte déclaration du premier ministre Ahmet Davutoglu, en visite officielle en Azerbaïdjan.

«Tôt ce matin, nos citoyens nous ont été remis et nous les avons ramenés en Turquie», a annoncé M. Davutoglu.

Le président Recep Tayyip Erdogan a ensuite précisé que les otages avaient été libérés lors d'une opération «organisée et secrète» des services de renseignement (MIT).

«Depuis le premier jour de l'enlèvement des otages, notre agence de renseignement a suivi cette affaire avec patience et dévouement et a finalement mené avec succès une opération de sauvetage», a indiqué M. Erdogan dans un communiqué.

Il était samedi impossible de déterminer si les otages avaient été libérés lors d'une opération des forces turques ou à la suite d'un accord passé avec l'EI.

Les 46 Turcs avaient été capturés le 11 juin au consulat général de Turquie à Mossoul (nord de l'Irak), avec trois employés de nationalité irakienne, par les combattants de l'EI à la faveur de leur offensive éclair dans le nord de l'Irak.

Selon Ankara, ces trois Irakiens ont été libérés «plus tôt», sans autre précision

Parmi les Turcs figuraient le consul général et son épouse, plusieurs diplomates et leurs enfants, ainsi que des membres des forces spéciales turques.

Les hommes libérés sont rentrés en avion avec M. Davutoglu jusqu'à la capitale turque Ankara, où ils ont été accueillis à la mi-journée par leurs familles et des centaines de partisans du parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 en Turquie.

«Ce sont des héros, comme ceux qui les ont ramenés en Turquie», a lancé à la foule le premier ministre depuis le toit d'un bus, entouré de quelques ex-otages.

«Ils ont attendu fièrement et patiemment. Ils n'ont pas fléchi. Ils sont restés forts (...) ils ont agi pour le bien du pays et notre peuple», a-t-il ajouté avant de rendre hommage aux «forces de sécurité qui ont travaillé de concert pour permettre leur libération».

«Jamais perdu espoir»

«Je n'ai jamais perdu espoir», a assuré devant la presse le consul général turc de Mossoul, Oztürk Yilmaz, «je me souviendrai toujours fièrement de cette expérience».

M. Yilmaz a également raconté avoir refusé de lire un message enregistré à la demande de ses ravisseurs, qui avaient pointé une arme sur lui.

Comme les otages eux-mêmes, les responsables turcs se sont refusés à livrer le moindre détail sur les conditions de leur libération.

Des sources proches des services de renseignement citées par les médias turcs ont assuré qu'aucune rançon n'avait été versée en contrepartie de la libération des citoyens turcs. Le lieu de détention des otages a changé à huit reprises et l'opération ayant conduit à leur libération a été reportée à plusieurs reprises, ont-elles ajouté.

Le ministre des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a précisé que les ravisseurs avaient plusieurs fois promis de libérer leurs otages, sans tenir leurs promesses.

«La dernière date qu'ils ont donnée était le 20 décembre. Nous avons en conséquence fait ce qui était nécessaire à ce moment», a-t-il déclaré à la presse.

Depuis trois mois, les autorités turques ont répété avoir maintenu des «contacts avec toutes les parties» pour obtenir la libération de leurs citoyens, sans détailler lesquelles.

L'affaire des otages turcs retenus en Irak a suscité l'embarras du gouvernement turc, accusé d'avoir longtemps soutenu et armé les groupes rebelles syriens les plus extrémistes, dont celui de l'État islamique, dans l'espoir d'accélérer la chute du régime du président syrien Bachar al-Assad.

Ankara l'a toujours catégoriquement nié.

En juin, l'opposition parlementaire turque avait reproché au gouvernement, à cause de sa proximité présumé avec l'EI, de ne pas avoir évacué le personnel diplomatique de Mossoul malgré les menaces qui pesaient sur eux.

La Turquie a refusé la semaine dernière de participer aux opérations militaires lancées par la coalition antidjihadistes réunie par les États unis, arguant notamment de sa volonté de protéger la vie des otages.