L'Irak enquête sur des frappes aériennes contre le groupe État islamique (EI) à Mossoul-Ouest qui, selon des témoins, ont tué un grand nombre de civils et l'armée a déployé des tireurs d'élite pour empêcher les djihadistes d'utiliser les habitants comme boucliers humains.

Selon des responsables irakiens et des témoins, des raids aériens ont tué un grand nombre de civils dans le quartier de Mossoul al-Jadida ces derniers jours. Le nombre de victimes, entre des dizaines et des centaines selon les sources, ne peut pas être vérifié de source indépendante.

D'autant que les forces de sécurité n'ont pas permis aux journalistes de se rendre dans les secteurs où ces frappes ont été rapportées.

L'armée irakienne et la coalition internationale menée par Washington procèdent à des bombardements sur Mossoul-Ouest pour appuyer les troupes au sol qui tentent depuis un mois de reprendre aux djihadistes leur dernier grand bastion urbain en Irak.

La coalition a reconnu samedi avoir procédé à un raid le 17 mars dans un secteur de la ville où des pertes civiles ont été rapportées, sans préciser de quel secteur il s'agissait.

Elle a indiqué qu'elle menait une enquête pour vérifier si des civils avaient été tués par ce raid aérien.

Si plus de 20 000 habitants ont pu fuir Mossoul-Ouest depuis un mois d'après les autorités irakiennes, il reste environ 600 000 personnes dans les zones encore tenues par l'EI dans cette partie occidentale de la deuxième cité d'Irak, dont les deux tiers dans la seule vieille ville, selon l'ONU.

L'EI «a commencé à utiliser des citoyens comme boucliers humains et nous essayons de les viser avec des tireurs d'élite pour les éliminer», a indiqué dimanche à l'AFP le porte-parole du Commandement des opérations conjointes, le général Yahya Rasool.

Les forces irakiennes s'en remettent à des «armes légères et moyennes, dont des fusils utilisés par des tireurs embusqués, pour chasser» les djihadistes cachés au milieu des civils, a-t-il expliqué.

Mais depuis des semaines, elles ont également tiré des obus de mortier et lancé des roquettes, des armes qui exposent les civils à des risques bien plus grands.

«Civils innocents»

Le général Rasool a par ailleurs accusé les djihadistes de rassembler des civils et de faire exploser un véhicule piégé à proximité d'eux pour faire croire que «les forces irakiennes ciblent des civils innocents».

Il a toutefois expliqué que le ministère de la Défense avait ouvert une enquête sur des raids aériens à Mossoul qui ont débouché, selon des témoins et des responsables, sur la mort de civils.

L'armée de l'air irakienne n'a jamais publié d'estimations de ses victimes civiles depuis le début de sa campagne contre l'EI à Mossoul.

Au début du mois, la coalition, qui a indiqué samedi qu'une de ses frappes à Mossoul était peut-être à l'origine de la mort de civils, a jugé «probable qu'au moins 220 civils aient été tués involontairement» dans ses frappes aériennes contre l'EI en Irak et en Syrie depuis 2014.

Selon des responsables et des témoins, nombre d'habitants de Mossoul ont péri dans des frappes aériennes ces derniers jours vers Mossoul al-Jadida.

Deux habitants ayant fui la ville, Omar Mohanned Sumayr et son oncle Manhal Sumayr, ont ainsi affirmé que 170 personnes se trouvaient dans un immeuble complètement détruit par un raid.

Bachar al-Kiki, le chef du conseil de la province de Ninive, a dit que des «dizaines» de corps d'habitants étaient encore sous des décombres à la suite de frappes aériennes alors que le gouverneur provincial Nawfal Hammadi, et d'autres responsables, a parlé de «centaines» de morts.

L'ONU a de son côté appelé les forces impliquées à Mossoul à «tout faire» pour protéger les civils alors que les combats se concentrent aux abords de la vieille ville, un dédale de petites rues densément peuplé où l'utilisation d'armes lourdes risque de mettre les habitants en danger.

Les forces irakiennes ont lancé le 17 octobre l'offensive pour Mossoul. Elles ont reconquis la partie orientale fin janvier.