Le groupe État islamique (EI) cède du terrain autour de ses deux derniers fiefs, avec l'avancée des forces arabo-kurdes vers Raqqa, en Syrie, et la prise en Irak par les forces gouvernementales d'une ville située au sud de Mossoul.

En Syrie, l'opération «Colère de l'Euphrate» destinée à isoler la ville septentrionale de Raqqa, lancée samedi, a permis aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes mais qui comprennent aussi des Arabes et des Turkmènes, d'avancer depuis le nord dans la région désertique et plate qui entoure Raqqa.

«Nous avons pu nous emparer d'armes» de l'EI «et nous avons tué un grand nombre de ses combattants», a affirmé à l'AFP la porte-parole de l'offensive, Jihan Cheikh Ahmad.

La principale préoccupation des FDS est de prévenir les explosions de voitures piégées conduites par des kamikazes, une arme souvent utilisée par les djihadistes.

Ainsi, dans le village d'Abou Ilaj, qui vient d'être conquis à seulement 30 kilomètres de Raqqa, les combattants creusent des tranchées et empilent des sacs de sable. Il s'agit «d'empêcher les djihadistes de s'infiltrer et de laisser passer les voitures piégées», a expliqué l'un d'eux.

Les FDS bénéficient d'un soutien actif de la coalition internationale antidjihadistes dirigée par les États-Unis, qui a déployé plusieurs dizaines de conseillers sur le terrain. Et les avions de la coalition poursuivent la campagne de frappes aériennes engagée depuis plus d'un an pour détruire les infrastructures de l'EI.

«Isoler Raqqa»

En saluant dimanche le début de l'offensive sur Raqqa, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a averti que, «comme à Mossoul», «la bataille ne sera pas facile et le travail qui se présente sera rude».

«La première phase sera d'isoler Raqqa» en coupant les principaux axes de communication avec l'extérieur, a expliqué le Centcom, le commandement des forces américaines au Moyen-Orient.

Washington fait preuve de prudence sur les suites de l'opération en raison de son contexte géopolitique particulièrement sensible dans un pays plongé dans une guerre civile où interviennent de nombreuses puissances étrangères, dont la Russie et la Turquie.

Si Moscou reste en retrait, ce n'est pas le cas d'Ankara, qui veut s'impliquer dans la reprise de Raqqa, située à une centaine de kilomètres de la frontière turque.

Un porte-parole des FDS, Talal Sello, a affirmé dimanche que son groupe s'était mis d'accord avec les États-Unis sur le fait «qu'il n'y aurait aucun rôle turc ou des rebelles qui leur sont alliés dans l'offensive» de Raqqa.

Quelques heures plus tard, Washington affirmait cependant être en «contact étroit» avec Ankara.

La Turquie, qui craint que les milices kurdes ne prennent pied à Raqqa, a mis en garde lundi contre tout changement démographique dans cette ville à majorité arabe sunnite.

Avancée au sud de Mossoul 

À Mossoul, les 3000 à 5000 djihadistes présents dans la deuxième ville d'Irak sont désormais quasiment pris en tenaille trois semaines après le début de l'offensive soutenue par les États-Unis et leurs alliés.

Après être entrées dans Mossoul par l'est, les troupes irakiennes se rapprochent nettement au sud, où elles ont conquis la ville de Hamam al-Alil, à une quinzaine de km de la périphérie. Au nord-est, les combattants kurdes ont lancé l'assaut sur Bachiqa, un autre verrou de l'EI.

Les forces irakiennes poursuivent leur progression dans les quartiers de l'est, où l'EI oppose une forte résistance.

«Jusqu'à sept quartiers sont désormais contrôlés par les forces du contre-terrorisme», a déclaré à l'AFP Sabah al-Noman, le porte-parole de ces forces.

Sur le front sud, les forces irakiennes ont repris Hamam al-Alil, à 15 kilomètres de Mossoul. Elles ont indiqué y avoir découvert une fosse commune et «100 corps de civils la tête coupée».

La situation évolue aussi sur le front nord-est de Mossoul, où les forces kurdes irakiennes, les peshmergas, sont entrées dans Bachiqa et ont annoncé avoir commencé à vider la ville des djihadistes «maison par maison».

Le Pentagone a annoncé lundi que les États-Unis engageaient des hélicoptères d'attaque Apache dans la bataille de Mossoul.

Ces appareils sont notamment utilisés pour détruire les véhicules bourrés d'explosifs que des kamikazes djihadistes lancent contre les forces irakiennes, a déclaré le porte-parole du Pentagone, Peter Cook.

Le nombre de civils déplacés depuis le début de l'offensive sur Mossoul dépasse désormais 34 000, selon un nouveau bilan établi lundi par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).