Le ministère de la Défense a décidé de garder le silence au sujet des frappes contre le groupe armé État islamique (ÉI) pour la durée de la campagne électorale et a annoncé qu'il mettrait son site web à jour, mais ne ferait pas de déclaration publique sur la mission en Irak et en Syrie à moins qu'un événement extraordinaire ne se produise.

Depuis la dernière mise à jour le 9 juillet, les avions de l'armée canadienne ont effectué 29 frappes contre l'ÉI, dont une en Syrie. Les plus récents chiffres ont été obtenus par La Presse Canadienne grâce à la compilation des données disponibles sur le site web de la Défense.

L'attaque en Syrie s'est déroulée le 30 juillet à Al Bukamal, une ville située près de la frontière de l'Irak, et visait un complexe servant de lieu de rassemblement aux combattants de l'ÉI.

Depuis l'expansion et la prolongation de la campagne militaire canadienne le printemps dernier, les CF-18 ont mené moins d'une dizaine d'assauts contre l'ÉI en sol syrien, même si la situation en Syrie était l'une des principales raisons pour lesquelles Stephen Harper voulait poursuivre la mission de combat.

De leur côté, les membres de la coalition dirigée par les États-Unis ont effectué jusqu'à quatre frappes par jour sur le territoire qui, selon Washington, a été cédé aux islamistes par le régime du président syrien Bachar al-Assad.

Les bombardements canadiens se sont essentiellement déroulés dans le nord de l'Irak afin de soutenir les opérations militaires des combattants kurdes dans les environs de Mossoul, Sinjar et Tall'Afar.

La fréquence des frappes de l'armée canadienne semble avoir diminué à la suite du déclenchement des élections fédérales le 2 août puisque seulement cinq attaques ont été effectuées depuis.

Le ministère de la Défense a précisé que les ordres étaient donnés par le quartier général de la coalition.

Il n'a pas été possible de déterminer si le gouvernement conservateur avait imposé une limite au nombre d'assauts menés par les avions canadiens. Ce qui est clair, cependant, c'est qu'il a momentanément interrompu la communication avec le grand public.

Il est normal que les ministères, incluant celui de la Défense, se fassent plus discrets en période électorale. Mais adopter une telle attitude alors qu'une mission militaire est en cours pose plusieurs problèmes en ce qui concerne l'obligation du gouvernement de rendre des comptes à la population, cette dernière ne pouvant alors obtenir des renseignements qu'à travers les déclarations souvent partisanes et exagérées des politiciens des divers partis.

Steve Saideman, un professeur en relations internationales à l'Université Carleton, a dit croire que la société canadienne était assez mature pour recevoir des mises à jour détaillées au sujet de la guerre sans que cela ne devienne un enjeu électoral.

Selon lui, la politique du silence découle plutôt d'une volonté de contrôler le message.

« Si des Canadiens risquent leur vie, je pense que l'information concernant la mission de combat devrait circuler au Canada », a indiqué M. Saideman, avant d'ajouter que la politique étrangère influençait rarement les élections canadiennes.