Qalqilya est une ville palestinienne de 45000 habitants, adossée à la «ligne verte», la frontière reconnue d'Israël. Ici, le maire est islamiste et le Hamas a la cote.

Aujourd'hui, cette ville de Cisjordanie est presque complètement encerclée par huit mètres de béton. Les agriculteurs qui possèdent des terres au-delà du mur doivent passer par une «porte agricole» ouverte à peine quelques heures par jour. Tous les matins, ils se rassemblent dès l'aube devant une grille métallique surmontée de barbelés. L'attente est longue. Les paysans doivent exhiber les bons papiers et traverser un détecteur de métal.

Abed Arabas, horticulteur, vit à Qalqilya. Pour se rendre travailler chez Shquarro, une pépinière située dans une «zone tampon» de l'autre côté du mur, il emprunte un tunnel qui passe sous une route réservée aux Israéliens. Pour passer, il doit montrer patte blanche. Ça peut prendre jusqu'à deux heures.

Les Israéliens, eux, entrent dans la «zone tampon» sans s'arrêter aux points de contrôle. Et voyant leurs plaques d'immatriculation jaunes, les soldats leur font signe de passer.

«Une zone-tampon ici? Je ne savais pas», dit une cliente de la pépinière qui habite la colonie juive voisine d'Alfe Menache.

Les clients de Shquarro sont presque tous Israéliens. Ils adorent Abed et viennent de loin pour acheter ses fleurs. Sont-ils conscients du temps qu'il perd chaque jour pour traverser le mur?

«Je ne crois pas», dit l'horticulteur.

«Abed est très gentil, mais c'est la situation, je n'y peux rien et il n'y peut rien», résume Dani Lévy, fleuriste israélien venu chercher des fleurs pour sa boutique.

D'autres cultivateurs palestiniens ont abandonné l'idée de vendre leurs produits à l'extérieur du mur.

Eux qui, autrefois, écoulaient leurs légumes dans toute la Cisjordanie doivent maintenant poireauter des heures aux points de passage. Leurs tomates pourrissent. Ils ont de la peine à atteindre le village palestinien voisin. Alors ils se rabattent sur la clientèle locale.

Et la construction du mur n'est pas encore terminée. Sur la carte, le pointillé qui indique où passera la barrière pointe deux doigts au coeur de la Cisjordanie, à la hauteur de Qalqilya et de Salfit.

Pour Ray Dolphin, du Bureau des Nations unies pour les Affaires humanitaires (OCHA) à Jérusalem, une fois que ce plan sera réalisé, «la vie dans ces villes deviendra impossible.»