Trois réacteurs à l'arrêt et une vieille centrale en état d'alerte: l'ouragan Sandy qui a déferlé sur le nord-est des États-Unis a soumis le secteur nucléaire américain à rude épreuve et soulevé des questions sur la sûreté des installations.

«Tout semble sous contrôle à ce stade. Aucune infrastructure de centrale n'a été endommagée», affirmé à l'AFP Neil Sheehan, porte-parole de l'autorité de sûreté nucléaire américaine (NRC).

«Il n'y a aucune menace de fuite» radioactive, a renchéri Craig Fugate, de l'agence américaine de gestion des crises (FEMA), interrogé sur la chaîne NBC.

Installées principalement dans le nord-est, région touchée par Sandy, les centrales nucléaires américaines n'ont pas été épargnées par l'ouragan et certaines d'entre elles ne peuvent pas tourner à plein régime dans l'immédiat, alors que 8 millions de foyers restent privés d'électricité.

«Sandy a montré que ces centrales étaient vulnérables face à ce genre de tempêtes, spécialement si elles augmentent en intensité et en fréquence»,  observe pour l'AFP Robert Alvarez, ex-conseiller au secrétaire à l'Energie sous l'administration Clinton.

Situé au bord de la rivière Delaware, à Hancocks Bridge (New Jersey), le réacteur nucléaire Salem 1 a été mis à l'arrêt mardi quand plusieurs pompes servant à le refroidir ont cessé de fonctionner.

Le ministère de l'Energie a également annoncé mardi l'arrêt d'un deuxième réacteur, sur la centrale de Nine Mile dans le nord de l'Etat de New York, et d'un troisième, niché à une cinquantaine de kilomètres au nord de New York, à Buchanan, au bord de la rivière Hudson.

Son exploitant, la société Entergy, a affirmé sur son compte twitter qu'il n'y avait aucun «risque pour le public» ou pour les employés.

«Tous les systèmes de sécurité ont réagi comme il le fallait», a souligné en fin de journée mardi la NRC dans un communiqué.

Risque d'incident à la Fukushima

C'est toutefois une autre centrale, la plus vieille du pays, qui suscite le plus d'inquiétudes.

Bâtie en 1969 dans le New Jersey à proximité de la rivière du même nom, Oyster Creek est placée en état d'alerte depuis lundi en raison d'une montée des eaux à l'intérieur de son système de refroidissement et d'une perturbation de son circuit d'approvisionnement électrique.

«Le courant a été rétabli dans certaines parties de la centrale» et le générateur de secours a été activé, a affirmé par courriel à l'AFP un porte-parole d'Exelon, l'exploitant de la centrale.

Les autorités estiment qu'il faut désormais attendre que le niveau d'eau baisse mais rappellent que l'unique réacteur de la centrale était déjà à l'arrêt pour maintenance au moment du passage de Sandy.

«L'eau commence à revenir à un niveau plus normal, mais la centrale reste en état d'alerte jusqu'à ce que nous ayons confiance dans le fait qu'elle va rester à ce niveau», a précisé la NRC en fin de journée.

La situation de cette centrale, appelée à fermer ses portes en 2019,  inquiète certains experts.

«Si une forte inondation ou des vents violents mettaient à plat le système électrique de secours, la centrale serait alors en situation de +black out+ et c'est exactement ce genre de situation qui a mené au désastre de Fukushima», au Japon en 2011, assure Robert Alvarez.

Récusant un tel spectre, l'autorité de sûreté nucléaire admet toutefois que la remise en état des réacteurs devra se faire prudemment pour éviter tout incident.

«Nous allons continuer à tout faire pour nous assurer qu'on peut remettre ces réacteurs en service en toute sécurité. Il reste encore à régler de nombreuses questions concernant la stabilité» de la température des réacteurs, a admis son porte-parole Neil Sheehan.

Le nucléaire américain fournit 20% des besoins en électricité des États-Unis.