Donald Trump a affirmé vendredi avoir « largement résolu » le problème du nucléaire nord-coréen, revendiquant haut et fort sa bonne entente personnelle avec Kim Jong-un, encore inimaginable il y a quelques semaines.

Après les critiques à son encontre, le président américain a martelé que sa rencontre historique avec le dirigeant du régime reclus et leur « bonne relation » avait permis de mettre en place un « processus très fort de vérification » du démantèlement de l'arsenal nord-coréen.

« Je lui ai donné un numéro direct où il peut m'appeler s'il a une quelconque difficulté, je peux l'appeler, nous sommes en communication. C'est une bonne chose », a révélé Donald Trump dans les jardins de la Maison-Blanche.

« Nous nous sommes rencontrés, nous avons eu des atomes crochus. Il nous a beaucoup donné », s'est félicité le président américain, lors d'un long entretien improvisé avec la chaîne Fox News, suivi d'une rencontre impromptue avec des journalistes.

Donald Trump a souligné que la menace d'une guerre nucléaire avec Pyongyang avait longtemps été au sommet des préoccupations américaines, y compris lorsqu'il avait rencontré, alors fraîchement élu, son prédécesseur démocrate en novembre 2016.

« Quand je me suis réuni avec Barack Obama [...], il m'a dit que le plus gros problème des États-Unis, de loin, le problème le plus dangereux que nous ayons jamais eu à cause du nucléaire, était la Corée du Nord », a-t-il expliqué. « J'ai résolu ce problème, ce problème est largement résolu ».

« Lacunes importantes »

Avant le sommet du 12 juin, Washington avait martelé que son objectif inaltérable était la « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la Corée du Nord ».

Or dans le texte signé mardi à Singapour par les deux dirigeants, l'héritier de la dynastie des Kim ne s'engage qu'à une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ». Une formule vague qui reprend une promesse déjà faite et jamais tenue.

Depuis Séoul, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a réaffirmé jeudi l'objectif américain et insisté que les lourdes sanctions pesant sur Pyongyang seraient maintenues tant que la dénucléarisation complète ne sera pas achevée.

« Nous avons signé un très bon document », a encore assuré Donald Trump vendredi. « Plus important encore que le document, j'ai une bonne relation avec Kim Jong-un ».

Mais y compris dans des cercles conservateurs qui ont auparavant défendu la politique étrangère de Donald Trump, de nombreux experts à Washington concordent avec les conclusions d'un rapport du gouvernement israélien voyant des « lacunes importantes » entre les objectifs américains et le langage imprécis du document.

« Malgré les déclarations de Trump sur les changements rapides attendus dans la politique de la Corée du Nord, la voie vers un changement substantiel - si cela doit jamais arriver - est encore longue et lente », souligne le rapport.

« Jeux de guerre »

Lors de ces déclarations-fleuves de près d'une heure, l'homme d'affaires a également adressé les nombreuses critiques provoquées aux États-Unis par son annonce surprise de la fin des exercices militaires « provocateurs » menés avec la Corée du Sud, confirmée jeudi.

« Je les ai détestés dès le premier jour où je suis arrivé [...] Nous payons des millions et millions de dollars pour les avions et tout ça ». Il a du même coup revendiqué l'emploi des mots « jeux de guerre » - « c'est mon expression » - que certains lui ont reproché car faisant écho à la rhétorique nord-coréenne.

Interrogé par une journaliste sur sa proximité avec Kim Jong-un malgré les atteintes aux droits de l'Homme perpétrées en Corée du Nord, Donald Trump s'est justifié par sa volonté d'éviter la guerre : « je ne veux pas voir une arme nucléaire vous détruire ou détruire votre famille ».

« Quand je suis arrivé, les gens pensaient que nous allions probablement partir en guerre contre la Corée du Nord », a-t-il souligné. « C'est en fait le contraire. [...] Nous construisons une armée si puissante que personne ne va nous chercher des problèmes mais vous savez quoi, je veux ne jamais avoir à l'utiliser ».

Donald Trump s'est également réjoui que Pyongyang ait accepté de rapatrier les dépouilles de soldats américains morts pendant la guerre de Corée (1950-53).

À un journaliste qui lui demandait si « nous étions proches de voir Kim Jong-un ici à la Maison-Blanche », Donald Trump a répondu « cela pourrait arriver, oui », avant d'enchaîner sur un ton de semi-plaisanterie : « c'est un dirigeant fort. Ne laissez personne penser autre chose. Il parle et son peuple se met au garde-à-vous. Je veux que mon peuple face la même chose ».

Il a plus tard précisé aux journalistes qu'il plaisantait, s'indignant : « Vous ne comprenez pas le sarcasme ».

Mattis reste « vigilant » sur le nucléaire

Le secrétaire américain de la Défense, Jim Mattis, a affirmé vendredi que les États-Unis restaient « vigilants » sur la question du nucléaire nord-coréen, même si le sommet entre Donald Trump et Kim Jong-un a ouvert « une possible nouvelle voie vers la paix ».

Cette rencontre historique entre les deux hommes « prouve que " le passé n'a pas à définir l'avenir " », a déclaré M. Mattis depuis la ville de Newport (Rhode Island), reprenant une formule employée par M. Trump à l'issue du sommet.

« Mais même si une possible nouvelle voie vers la paix avec la Corée du Nord existe aujourd'hui, nous restons vigilants à propos de la recherche d'armes nucléaires partout dans le monde », a ajouté le chef du Pentagone, qui présidait une cérémonie de remise de diplômes d'une école de guerre.

La prudence de M. Mattis tranche avec l'assurance du président américain, qui a affirmé un peu plus tôt avoir « largement résolu » le problème du programme nucléaire nord-coréen.