Des centaines de personnes se sont recueillies dimanche à Ferguson à l'endroit où Michael Brown, un jeune Noir non armé, a été abattu par un policier blanc il y a un an. Une mort qui avait déclenché des émeutes raciales sans précédent ces dernières années aux États-Unis.

Têtes baissées, portant pour beaucoup des t-shirts à l'effigie du jeune homme mort à 18 ans, les manifestants ont observé quatre minutes trente de silence pour symboliser les quatre heures et demi pendant lesquelles le corps de Michael Brown était resté dans la rue, face contre terre, avant d'être transporté à la morgue.

Deux colombes blanches ont été lâchées au-dessus de la foule, où se trouvait la famille de Michael Brown et ses proches, pour marquer l'anniversaire de sa mort, le 9 août 2014, dans cette ville du Missouri.

Les manifestants ont ensuite entamé une marche silencieuse jusqu'à une église qui avait servi de refuge lors des violentes émeutes ayant agité Ferguson en novembre 2014, après l'annonce de l'abandon des poursuites contre le policier blanc.

«Arrêtez de tuer les enfants noirs» pouvait-on lire sur une pancarte dimanche, où étaient dessinés deux pistolets barrés comme en signe d'interdiction. «Black lives matter» («la vie des Noirs compte»), était-il écrit à la main sur une autre, du nom du mouvement apparu après la mort de Michael Brown.

Son décès avait ravivé des tensions raciales qui se sont depuis encore exacerbées aux États-Unis au fil d'affaires de brutalité policière envers des Noirs, déclenchant une vague de colère et d'indignation.

Vendredi, un policier a encore abattu un étudiant noir de 19 ans non armé, Christian Taylor, qui avait foncé avec sa voiture dans la vitrine d'un concessionnaire automobile au Texas.

Un an après la mort de Michael Brown, le président de la NAACP, plus importante association de défense des droits civiques des Noirs américains, estime que les mentalités ont beaucoup changé. Mais les réformes législatives qui permettraient notamment d'obliger la police à rendre plus de comptes et de mieux former ses agents avancent à un rythme «glacial», a assuré Cornell William Brooks dimanche lors d'un entretien sur la chaîne CBS.

Barack Obama a lui rejeté les critiques accusant le premier président américain Noir de ne pas en avoir assez fait pour lutter contre le racisme au cours de ses deux mandats.

«Je me sens pris d'une grande urgence pour accomplir autant que possible» avant de quitter le pouvoir en janvier 2017, a-t-il déclaré lors d'un entretien accordé à la radio NPR, dont des extraits ont été diffusés dimanche.

Incidents

À Ferguson, plusieurs centaines de personnes menées par le père de Michael Brown et ses proches avaient déjà défilé pacifiquement samedi.

Son père a déclaré devant la presse qu'il déployait tous ses efforts «pour garder vivante la mémoire» de son fils.

«Certaines familles ont pu obtenir justice grâce aux retombées de la mort de Michael Brown et cela les aide, mais en ce qui me concerne je continue à me battre pour surmonter cette épreuve», a-t-il dit.

Dans la soirée, quelque 200 manifestants s'étaient montrés plus agressifs et certains sont passés par-dessus une barricade de police pour faire face aux forces de l'ordre.

«Hey, hey, ho, ho, ces policiers tueurs doivent partir», scandaient-ils. Des manifestants ont fait rôtir un cochon surmonté d'un casque de policier et tenté de donner la tête aux agents.

En novembre, les émeutes de Ferguson s'étaient propagées à d'autres grandes villes américaines et elles ont relancé le débat dans le pays sur la manière dont les policiers blancs ont recours à la force contre les Noirs, surtout les hommes jeunes.

La police de Ferguson a été la cible de maintes critiques notamment pour son racisme - qui a été confirmé par un rapport accablant du ministère de la Justice - et pour ses méthodes paramilitaires de gestion des manifestations, avec des véhicules blindés.

Le chef de la police et plusieurs responsables de la ville et de la justice locale ont démissionné ou été remplacés.

Le nouveau chef de la police, nommé récemment, est un Noir. Il s'est engagé à instiller le «respect, la conscience culturelle et le professionnalisme que la communauté mérite».