Le cardinal Marc Ouellet a demandé pardon aux victimes d'agressions sexuelles lors du Congrès eucharistique de Dublin, hier. Il a également rencontré des victimes, ce qu'il n'avait jamais fait publiquement lorsqu'il était archevêque de Québec.

Depuis avril, le prélat québécois est le légat de Benoît XVI, en plus de sa fonction de préfet de la Congrégation pour les évêques. C'est à ce titre qu'il se trouve à Dublin.

«Quand il a été nommé légat, cela a ravivé l'intérêt des vaticanistes qui le voient comme le prochain pape», explique Philippe Vaillancourt, qui édite le site québécois d'actualité religieuse Crayon et goupillon. «Mais en fait, c'est assez honorifique. Le légat précédent était très vieux, et les gens de Québec avaient été déçus qu'il vienne à la place du pape au précédent Congrès eucharistique, qui a eu lieu à Québec en 2008.»

M. Vaillancourt signale que le voyage de Mgr Ouellet en Irlande est important pour son travail de préfet de la Congrégation pour les évêques, qui comprend le choix des nouveaux évêques. «Plusieurs évêques irlandais ont perdu leur poste à cause du scandale des agressions sexuelles, parce qu'ils avaient fermé les yeux. Mgr Ouellet doit évaluer le dynamisme du pays et de son Église.»

Hier, durant l'homélie d'une messe à Dublin, Mgr Ouellet a déclaré que le pape lui a «demandé de venir ici pour demander pardon à Dieu pour l'époque pendant laquelle des prêtres ont agressé des enfants, non seulement en Irlande, mais partout dans l'Église». «Je suis venu ici avec l'intention spécifique de demander pardon à Dieu et aux victimes», a affirmé Mgr Ouellet, dont les propos ont été rapportés par le quotidien catholique britannique The Tablet.

En 2007, au moment où il était archevêque de Québec, Mgr Ouellet avait demandé pardon pour les erreurs commises par l'Église québécoise avant 1960. On l'avait critiqué pour ne pas avoir inclus dans ses excuses les erreurs survenues après cette date.

Selon Jasmin Lemieux, porte-parole de l'archevêché de Québec, Mgr Ouellet n'a pas eu, durant son mandat, de «rencontres médiatisées» avec des victimes d'agressions sexuelles, mais il aurait eu des «rencontres non officielles personnelles et individuelles». Il était responsable du Congrès eucharistique de 2008.

Lorsque le Vatican a annoncé que c'est Mgr Ouellet, plutôt que le pape, qui se rendrait au Congrès eucharistique, dont c'est le 50e anniversaire, l'archevêque de Dublin a souligné que le cardinal québécois a une bonne connaissance d'une société en pleine sécularisation: le Québec. «Il y a une crise profonde de l'Église en Irlande, dit M. Vaillancourt. La presse locale est très négative sur le Congrès eucharistique, qui avait un déficit budgétaire de plusieurs millions d'euros il y a seulement quelques semaines. Une politicienne a même demandé son annulation. Des gens m'ont dit que Mgr Ouellet se déplace avec des gardes du corps cette semaine. Je ne sais pas si c'est normal en Irlande, mais ç'a été une bonne idée de ne pas envoyer le pape.»

Le cardinal Ouellet a récemment reçu l'imprimatur d'un autre vaticaniste de renom, Sandro Magister du magazine de gauche L'Espresso, qui l'a qualifié de papabile «le mieux adapté à la métamorphose que connaît actuellement le catholicisme mondial», notamment grâce à ses longues années de missionnariat en Amérique latine et à la force de ses connaissances en théologie.