Les jésuites américains ont accepté de verser plus de 166 millions de dollars à quelque 500 victimes présumées d'actes pédophiles perpétrés par des prêtres dans le nord-ouest des États-Unis, ont annoncé vendredi les avocats des victimes.

Cet accord est l'un des plus importants financièrement, après les indemnités record versées ces dernières années par l'Église catholique en Californie -660 millions de dollars à Los Angeles et 198 millions à San Diego.

«Cet accord atteste que les jésuites ont trahi la confiance de centaines de jeunes enfants dont ils avaient la responsabilité, et leur ont fait subir des atrocités», a déclaré l'avocat Blaine Tamaki dans un communiqué.

«Ces religieux étaient censés protéger les enfants et ils les ont en fait violés et ont abusé d'eux sexuellement», a-t-il ajouté.

Katherine Mendez, 53 ans, a raconté le calvaire qu'elle a vécu quand elle était pensionnaire de l'école Sainte-Marie à Omak, dans l'État de Washington, et qu'elle était l'objet d'abus sexuels de la part du père John Morse.

«Le père Morse a commencé à abuser de moi presque immédiatement après mon arrivée», déclare-t-elle dans un communiqué de son avocat.

Ayant gardé le silence pendant de longues années, elle a finalement décidé de parler et constaté que «d'autres le faisaient aussi, comme si la couverture qui dissimulait notre secret avait finalement été tirée».

Trente-huit plaintes pour abus sexuels concernent le père Morse, qui vit aujourd'hui dans une maison de retraite. Et 49 des victimes défendues par Me Tamaki avaient huit ans ou moins au moment des violences.

L'accord prévoit également des excuses écrites des jésuites aux victimes, et l'ouverture des archives, notamment médicales.

«Malgré le caractère horrible de ce qu'ils ont subi, mes clients espèrent que la reconnaissance par les jésuites de leurs méfaits les amènera à opérer les réformes nécessaires pour que ce type d'abus ne se reproduise plus à l'avenir», déclare Me Tamaki.

«En d'autres termes, l'Église doit corriger les failles qui ont permis (aux abus) de se produire», poursuit-il.

Patrick Lee, responsable des jésuites pour le nord-ouest des États-Unis   -qui regroupe les États de Washington, Oregon, Alaska, Idaho et Montana-s'est refusé à tout commentaire. Cette division régionale des jésuites s'est placée sous la protection de la loi américaine sur les faillites.

«Compte tenu des procédures (de la loi sur les faillites) et de notre respect pour le processus judiciaire, nous ne ferons aucun commentaire sur l'annonce qui a été faite aujourd'hui», a-t-il déclaré dans un communiqué.

«Nous continuons à travailler avec nos créanciers pour boucler le plus rapidement possible le processus de faillite», a-t-il ajouté.

Selon le Seattle Times, les 166 millions de dollars seront payés en partie par les jésuites et en partie par les assurances.