L'ONU s'est déclarée «horrifiée» par les raids du régime qui ont fait près de cent morts sur un marché près de la capitale syrienne, tandis que le Conseil de sécurité a soutenu lundi un nouveau plan pour la paix en Syrie, adopté pour la première fois en deux ans par la Russie et ses 14 autres membres.

Il s'agit du premier plan politique concernant le conflit syrien sur lequel tous les pays membres du Conseil de sécurité se sont mis d'accord.

Celui-ci appelle à mettre fin à la guerre en «lançant un processus politique mené par la Syrie vers une transition politique qui rejoint les aspirations légitimes du peuple syrien».

L'initiative, qui doit démarrer en septembre, devrait permettre la mise en place de quatre groupes de travail sur la sécurité et la protection, le contre-terrorisme, les questions politiques et légales ainsi que la reconstruction.

La transition comprend «l'établissement d'un corps dirigeant de transition inclusif avec les pleins pouvoirs, qui devrait être formé sur la base d'un consentement mutuel tout en assurant la continuité (du fonctionnement) des institutions gouvernementales».

Le carnage qui s'est produit dimanche à Douma, fief rebelle dans la région de la Ghouta orientale, a été aussi vivement condamné par les États-Unis et l'Union européenne.

La série de frappes menées par les avions du régime du président Bachar al-Assad a visé un marché très fréquenté de la ville de Douma située à 13 km au nord-est de Damas et tenue par les insurgés depuis près de trois ans.

«Le bilan est monté à 96 morts», en grande majorité des civils, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au moins 240 personnes ont également été blessées d'après cette ONG qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.

Lundi, les avions du régime ont encore frappé à quatre reprises la ville meurtrie.

Selon un photographe de l'AFP sur place, les habitants tentent d'enterrer leurs morts dans le cimetière mais certains n'y arrivent pas car le lieu a été la cible de raids dimanche et lundi.

Enfants couverts de sang 

Dimanche, le photographe a décrit l'attaque comme étant la pire qu'il ait couverte à Douma.

Après les raids, il a vu des habitants affolés transportant dans un hôpital de fortune un grand nombre de blessés. Faute de place, des dizaines de cadavres étaient alignés sur un sol maculé de sang et même à l'extérieur de l'hôpital. De nombreux enfants couverts de sang criaient et pleuraient.

Une vidéo mise en ligne par des militants a montré une scène de dévastation à un carrefour avec des véhicules calcinés au milieu des gravats. Plusieurs façades d'immeubles se sont effondrées.

L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a jugé «inacceptable pour un gouvernement de tuer ses propres citoyens quelles que soient les circonstances», selon un communiqué.

«Le bombardement du gouvernement sur Douma hier a été dévastateur, les attaques de zones civiles avec le lancement à l'aveugle de bombes aériennes, telles que des bombes incendiaires, sont interdites par le droit international», a-t-il ajouté.

En visite à Damas au moment des frappes, le patron des affaires humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien, s'est dit quant à lui «horrifié par l'absence totale de respect de la vie des civils dans ce conflit», lors d'une conférence de presse lundi.

Le responsable, qui effectuait sa première visite en Syrie s'est dit «particulièrement atterré» par le bilan à Douma.

«Barbarie primaire» 

«C'est de la barbarie primaire, une haine contre l'Homme», a affirmé de son côté le chef de la Coalition de l'opposition en exil, Khaled Khoja, dénonçant indirectement la complicité des alliés du régime Assad, notamment la Russie et l'Iran.

«Ceux qui arment ce régime et empêchent le Conseil de sécurité de le tenir pour responsable sont complices dans ce crime», a-t-il ajouté en référence à Moscou qui a opposé son veto à plusieurs reprises à une résolution de l'ONU condamnant le pouvoir de Damas.

Les États-Unis ont condamné «avec la plus grande force» les raids «brutaux» du régime, indiquant dans un communiqué que Washington «travaillait avec ses partenaires pour une véritable transition politique négociée, en dehors (du président syrien Bachar al) Assad».

Et l'Union européenne a affirmé que «les responsables des graves violations des droits de l'Homme et du meurtre de milliers de civils doivent rendre des comptes».

A Moscou, lors d'une rencontre avec son homologue iranien, Javad Zarif, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé «inacceptable» de poser le départ de Bachar al-Assad comme condition préalable à une solution politique du conflit qui a fait plus de 240 000 morts depuis mars 2011, selon l'OSDH.