Le président égyptien par intérim a promulgué dimanche une loi controversée sur le droit de manifester, une vingtaine d'ONG de défense des droits de l'Homme dénonçant «l'approche oppressive» des autorités installées par l'armée après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi.

«Le président par intérim Adly Mansour vient de promulguer le décret portant sur l'encadrement du droit à la tenue de réunions publiques, de défilés et de manifestations pacifiques dans des lieux publics», a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la présidence Ehab Badaoui.

Le texte de la loi n'a pas été rendu public dans l'immédiat.

Plusieurs ONG de défense des droits de l'Homme, de même que l'ONU, avaient récemment appelé à abandonner cette loi, accusant le gouvernement de vouloir revenir sur les acquis de la révolution populaire de 2011 qui a contraint Hosni Moubarak à abandonner le pouvoir après trois décennies de règne absolu.

Interrogé dimanche par l'AFP, le premier ministre Hazem Beblawi, a précisé que l'État n'attendait pas des organisateurs qu'ils «demandent l'autorisation» des autorités, mais qu'«ils les informent». «Cette loi ne restreint pas le droit de manifester, mais vise à protéger les droits des manifestants», a-t-il ajouté.

Une source gouvernementale a précisé à l'AFP que des modifications avaient été apportées au texte initial. «Il prévoyait que les organisateurs informent les autorités sept jours avant la tenue d'une manifestation, ce délai a été ramené à trois jours», a déclaré cette source.

Dimanche matin, 19 organisations de défense des droits de l'Homme ont estimé dans un communiqué que cette loi «criminalise toute force de rassemblement pacifique, dont les manifestations et les réunions publiques, et donne carte blanche à l'État pour disperser par la force des rassemblements pacifiques».

La promulgation intervient alors que depuis le 14 août, le nouveau pouvoir a lancé la police et l'armée dans une vague extrêmement sanglante de répression visant tout manifestant réclamant le retour au pouvoir de M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Égypte, ainsi que sa confrérie des Frères musulmans.

Plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont été tués depuis, et plus de 2000 Frères musulmans arrêtés.

Dimanche, des cortèges pro-Morsi défilaient dans différentes villes du pays, les islamistes continuant à appeler quasi quotidiennement à la mobilisation.