L'Alliance des forces nationales (AFN, libérale), principale force politique de l'Assemblée nationale libyenne, a annoncé jeudi qu'elle suspendait partiellement sa participation aux travaux de l'Assemblée, pour dénoncer, selon elle, «une mise en scène politique dirigée par le pouvoir des armes».

«Le comité directeur (...) a décidé de suspendre la participation de l'Alliance au Congrès général national (CGN), sauf en ce qui concerne les travaux de préparation de la loi électorale qui doit régir l'élection d'un comité de rédaction de la Constitution», a indiqué l'AFN dans un communiqué.

L'AFN qui a remporté les élections législatives du 7 juillet 2012 avec 39 sièges sur 200, mais a échoué à parvenir aux postes-clés du pouvoir, affirme qu'elle ne «pourrait plus continuer dans une mise en scène politique dirigée par le pouvoir des armes et non par la volonté de l'électeur».

Des milices ayant combattu le régime de Kadhafi en 2011, dans le contexte du Printemps arabes, continuent à faire la loi dans le pays.

Interrogé si cette décision était inspirée par la campagne qui en Égypte a conduit à un coup d'État militaire contre les Frères musulmans parvenus au pouvoir en 2012, Abdelmajid Mligta, le président du comité directeur de l'AFN, a déclaré que son parti «ne pourrait pas rester à l'écart de ce qui se passe sur le plan national et régional», sans autre précision.

Cette annonce intervient alors que des activistes libyens ont lancé plusieurs initiatives sur les réseaux sociaux pour imiter le mouvement Tamarrod (rébellion) en Égypte qui a abouti au départ du président islamiste Mohamed Morsi.

L'AFN a mis en garde par ailleurs contre les violences qui secouent le pays, et qui «illustrent clairement et d'une manière dangereuse une déviation du processus de la révolution» libyenne.

Elle a dénoncé notamment l'adoption d'une loi controversée sur l'exclusion politique des anciens collaborateurs du régime déchu de Mouammar Kadhafi, votée sous la pression de milices armées d'obédience islamiste.

L'AFN avait estimé alors que cette loi avait été conçue sur mesure pour exclure son chef, Mahmoud Jibril, qui était président du Conseil économique et social du temps de Kadhafi.

Selon Taoufik al-Chehibi, président du bloc de l'AFN au Congrès qui lisait le communiqué, l'Alliance réclame essentiellement une «feuille de route» pour mettre fin à la période de transition.

Il a précisé que le CGN, la plus haute autorité politique et législative du pays, devrait être dissous le 8 février 2014, selon la déclaration constitutionnelle qui régit la période de transition.

«Nous allons avoir un vide politique. Qu'est ce qu'on va faire après le 8 février? qui va diriger le pays? C'est ça la question», a-t-il dit.

Le Congrès examine actuellement la loi électorale devant régir l'élection d'une «Commission constitutionnelle», d'une soixantaine de membres, qui sera chargée de rédiger la Constitution.

La composition du CGN où les indépendants, une mosaïque de clans politiques, régionaux et tribaux, disposent de 120 sièges sur 200, a empêché l'AFN d'obtenir la majorité.

Lors des premières élections libres du pays, le 7 juillet, l'AFN, une coalition d'une soixantaine de petits partis libéraux menée par des architectes de la révolte de 2011, avait remporté 39 sièges sur les 80 réservés à des partis politiques au CGN, tandis que son rival, le Parti pour la justice et la construction (PJC) issu des Frères musulmans, est arrivé deuxième avec seulement 17 sièges.